Les égyptiens d’Orascom ont tenté de transférer illégalement près de 16 millions de dollars de l’Algérie.

Entre 2015 et 2014, les managers égyptiens du groupe Orascom Construction et Industrie (OCI) ont tenté de transférer illégalement de l’Algérie près de 16 millions de dollars. Fort heureusement, les responsables de Sonatrach ont fait preuve de beaucoup de vigilance pour empêcher cette opération bancaire douteuse qui s’apparente bel et bien à un détournement de fonds. Notre enquête. 

Des investigations menées ont permis d’obtenir des documents exclusifs démontrant les pratiques scabreuses des managers de la société Sorfert Algérie. La plupart des Algériens ignorent l’existence même de cette société. Et pourtant, elle constitue l’un des acteurs les plus importants de l’industrie pétrochimique en Algérie.

L’Algérie lui accorde toutes les facilités… 

En effet, Sorfert Algérie Spa, est le fruit d’un partenariat entre Orascom Industries Construction (OCI Egypte) à hauteur de 51% des actions et Sonatrach (Algérie) avec 49% des actions. Cette société a été créée en juin 2007. La gestion de Sorfert revient exclusivement aux égyptiens d’OCI. Et Sonatrach exerce un droit de regard en faisant partie du Conseil d’Administration.

En juillet 2007, le groupe allemand UHDE,  filiale du groupe allemand Thyssen Krupp, a décroché le contrat pour la  conception, le développement et la construction clés en main du complexe d’ammoniac et d’urée de SORFERT ALGERIE SPA.

Les travaux ont été donc lancés pour bâtir le complexe de production de Sorfert qui voulait s’offrir un complexe industriel “de classe internationale” pour se positionner comme “l’un des plus grands producteurs d’engrais azotés en Afrique du Nord, avec une capacité de production de 1,26 millions de tonnes métriques de granules d’urée et 1,6 millions de tonnes métriques d’ammoniac anhydre brut par an.”

OCI a construit ce complexe en partenariat avec UHDE, fournisseur d’une technologie de procédé ayant fait ses preuves et de dernière génération. Le lieu d’implantation du complexe a été sélectionné suivant des critères stratégiques. Il s’agit de la zone industrielle d’Arzew à 53 kilomètres de la ville d’Oran.

Les autorités algériennes n’ont pas hésité à appuyer ce projet industriel et toutes les facilités ont été accordées à Sorfert. Celle-ci a bénéficié dés son lancement de deux jetées pour ses opérations d’export, dans les ports d’Arzew et de Béthioua, y compris un pipeline alimentant directement le port en ammoniac et un accès exclusif aux moyens logistiques d’export de l’urée.

L’Algérie tablait énormément sur ce projet avait fait confiance aux manages égyptiens d’OCI. En novembre 2013, les installations de ce complexe industriel sont entrées en production et les premières opérations d’exportation d’urée ont commencé à partir du port commercial d’Arzew vers la fin de l’année 2013.

Jusque-là, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles en dépit du violent conflit qui a opposé les autorités algériennes au milliardaire égyptien, Naguib Sawiris le principal actionnaire et propriétaire du groupe Orascom, en raison du rachat de l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy par les russes de Vimpelcom.

Les salaires de 108 cadres pour gonfler les factures 

Ces bonnes relations deviendront rapidement très tendus à partir de janvier 2014 lorsqu’à la surprise générale des managers de Sonatrach, la direction de Sorfert représentée par le PDG égyptien Amr Hassaballah a demandé dans un Ordre de Service aux services de la banque BEA d’Arzew de transférer plus de 9,3 millions de dollars vers le compte bancaire bancaire d’OCI ouvert auprès de la Citibank de Dubaï. Le manager égyptien a voulu justifier cette opération financière par le paiement des salaires de 108 cadres et employés égyptiens qui travaillent au niveau du complexe d’Amoniac et d’urée d’Arzew comme le montre ce document :

 

 

Une année plus tard, plus exactement en janvier 2015, le même manager égyptien réclame encore dans un autre Ordre de Service le transfert de 6,4 millions de Dollars Us prétextant encore et toujours des paiements de salaires de ses employés recrutés depuis l’Egypte pour les employer à Arzew.

Ces deux opérations ont éveillé les soupçons des représentants de Sonatrach qui ont jugé ces montants en devises très élevés. Le Direction-Général Adjoint de Sorfert, l’algérien Yazid Benmamas prend le dossier en main et saisit le Conseil d’Administration de son entreprise. Et lors d’une réunion houleuse, il réclame des comptes au PDG égyptien et menace d’exiger sa démission si des données rationnelles et justifiées ne sont pas fournies à la partie algérienne pour expliquer ces transferts en devises. Et au moment où la BEA d’Arzew, une attestation de transfert des fonds vers l’étranger a été préparée, les représentants de Sonatrach vont tout faire pour bloquer ces opérations financières jugeant qu’elles ne correspondant nullement au travail effectué par le personnel expatrié d’OCI au sein de Sorfert.

En effet, entre 2012 et 2013, Sonatrach dépêche en Egypte une commission composée par trois cadres dirigeants et chapeautés par Dalila Mamèche, une responsable en ressources humaines, pour vérifier l’état des salaires des ingénieurs recrutés par OCI. Sontrach découvre à ce sujet que Sorfert n’a pas établi des contrats en Algérie avec ses cadres expatriés. Ces derniers sont liés à Sorfert à travers des contrats et des accords conclus en Egypte directement par OCI.

Souffrant de plusieurs irrégularités, ces contrats ont suscité les interrogations des représentants de Sonatrach à Sorfert qui ont fini par réclamer ainsi à la partie égyptienne d’OCI des bilans détaillés sur le travail effectué par le personnel expatrié.

Le rapport accablant de la Gendarmerie Nationale 

Les managers égyptiens de Sorfert n’ont jamais voulu fournir les contrats et les fiches de ces cadres expatriés. Le conflit éclate donc entre Sonatrach et OCI. Les tensions sont montées crescendo et le dossier arrive entre les mains des enquêteurs de la Brigade de recherche et d’investigation de la gendarmerie nationale d’Oran.

Ces derniers rédigent tout un rapport, dont Algériepart détient une copie, qui démontre la mauvaise foi et le caractère illicite des opérations menées par le PDG égyptien Amr Hassaballah et ses autres collaborateurs à Sorfert. Les enquêteurs de la gendarmerie nationale ont constaté que les égyptiens d’OCI ont tenté d’effectuer ces opérations sans associer Sonatrach. Le rapport de la Gendarmerie parle ouvertement d’une “fuite de capitaux vers l’étranger” et de “transferts illicites de devises”.

Le rapport de la Gendarmerie algérienne a identifié au moins 9 hauts responsables impliqués dans ces opérations douteuses. Il s’agit naturellement du PDG Amr Hassaballah. Ce dernier a quitté précipitamment l’Algérie lorsque cette affaire éclate au grand jour. Il sera remplacé à la tête de Sorfert par le canadien d’origine pakistanaise Mohamed Assef. Les gendarmeries ont chargé également les égyptiens Ahmed Farouk qui était le responsable des ressources humaines à la Sorfert ainsi que le directeur financier Wael Khairi. Nous retrouvons également sur cette liste des personnes suspectées l’Algérienne Karima Rabia, directrice des affaires juridiques de Sorfert.

Pour l’heure, ce scandale est resté étouffé même si le dossier est au niveau du pôle judiciaire d’Oran. La justice algérienne fait preuve d’une étonnante lenteur à propos de ce dossier délicat. Sonatrach observe, de son côté, un silence intriguant et Sorfert poursuit ses activités à Arzew comme si de rien n’était.

Nous reviendrons, dans nos prochaines éditions, sur l’affaire Sorfert avec de nouvelles révélations et de nouveaux documents.

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