
Le roi du Maroc, Mohammed VI, s’est vu remettre le 27 septembre 2022 par le Ministre algérien de la Justice, Abderrachid Tabi, une indisposante « lettre d’invitation » pour le Palais, afin de participer au sommet de la Ligue Arabe prévu le 1er et 2 novembre 2022 à Alger.
Auteur : bachir.outaghani@protonmail.com
Pour l’heure, le roi Mohammed VI, absent du Maroc et souvent en France pour être, nous dit-on, au chevet Lalla Latifa, sa mère malade, n’a toujours pas annoncé officiellement sa décision de participer ou non à l’événement, et ce même si la presse marocaine estime qu' »il est très probable que le roi Mohamed VI participe à ce sommet« .
Si les médias du royaume estiment que le déplacement de Mohamed VI à Alger « constituera un indicateur de performance du sommet de la Ligue arabe« , ils nuancent toutefois leur propos et anticipent une explication à l’absence de réponse du Monarque marocain.
En effet, la presse marocaine proche du Palais Royal évoque des « déficits logistiques« , des « problèmes de sécurité » et une « instrumentalisation de l’événement par les généraux« …
En fait, il semble qu’en accueillant le sommet de la Ligue arabe, l’Algérie se présente comme un « rassembleur » et un « fédérateur », ce qui tend à irriter les autorités diplomatiques marocaines et soumet le Makhzen à un double problème.
D’une part l’absence de Mohammed VI au sommet d’Alger va bien évidemment peser sur une éventuelle évolution positive des relations, bien dégradées, entre l’Algérie et le Maroc.
De même, pour l’opinion publique internationale, le Monarque alaouite pourrait être tenu pour responsable de l’empoisonnement des relations Algéro-Marocaines, si défection il y a.
D’un autre côté, sa présence sera interprétée par l’opinion publique marocaine comme une défaite dans le bras de fer engagé entre les deux pays, qui se disputent le leadership régional…
D’autant que le Fonds monétaire International vient d’affirmer dans son rapport sur les Perspectives économiques mondiales, que l’Algérie verra sa croissance doubler à 4,7% en 2022, là où le Maroc enregistrera une croissance quasi nulle de 0,8% la même année !
Enfin, les autorités chérifiennes craignent que le sommet se consacre à la question du Sahara Occidental qui risque d’être perçue comme un véritable camouflet par la population marocaine envers la Monarchie Alaouite.
Que dire alors du soutien indéfectible algérien pour la cause palestinienne avec en toile de fond une dénonciation des Accords d’Abraham, et ce après le succès de la réunion des factions palestiniennes à Alger, qui ont signé en ce 13 octobre 2022 un accord de réconciliation tout en s’engageant à de nouvelles élections législatives et présidentielle d’ici un an…
C’est dire si Rabat se trouve face à un dilemme et des avancée algériennes qui pourraient ébranler son discours et ses positions politico-diplomatiques, alors qu’au même moment, l’Algérie vient d’être élue, ce 11 Octobre 2022, membre du Conseil des Droits de l’Homme des Nations unies pour la période 2023-2025, « en reconnaissance à son rôle de pays pivot dans sa région, soucieux de promouvoir les principes et valeurs des droits de l’Homme dans le monde » !
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