
En 1995, Boutros-Boutros-Ghali, alors secrétaire général de l’ONU, avait fait une déclaration prémonitoire : « Le Conseil de sécurité va devenir illégitime s’il n’est pas profondément réformé ». En 2021, l’Union Africaine (UA) entend plaider, dans le cadre de la réforme des Nations unies, pour une réforme de la composante du Conseil de sécurité, qui prenne enfin en considération une augmentation de sa taille, de manière à refléter les réalités géopolitiques actuelles.
Il faut souligner que lors de l’Assemblée Générale de l’ONU tenue au mois de Novembre 2020, l’Inde, autre grand Pays du continent asiatique, s’impatientait de voir qu’après douze années, le débat sur la transformation de l’organe de l’ONU chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationale, un point inscrit à l’ordre du jour depuis plus de 40 ans, n’ait toujours pas abouti.
L’Allemagne, le Brésil, l’Inde et le Japon, ont également réclamé chacun un siège permanent dans un Conseil réformé, appelant à des négociations « autour d’un texte solide » qui ouvrent la voie à une transformation véritable du Conseil.
Notons que le Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) peut décider de sanctions internationales et d’un recours à la force dans le monde. Il compte au total 15 membres, outre les 5 membres permanents, 10 autres non permanents sont élus pour un mandat de deux ans, dont la moitié est renouvelée tous les ans.
Conçue sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale, l’ONU était le reflet à sa création des rapports de forces de l’époque, mais plus l’état actuel des relations internationales. L’aberration la plus évidente étant qu’aucun pays africain ne dispose d’un siège de membre permanent alors que 8 opérations de maintien de la paix sur 10 ont lieu en Afrique !
Le continent africain revendique aujourd’hui un conseil de sécurité de l’ONU plus démocratique et plus représentatif, afin de pouvoir y exercer les mêmes droits, y compris celui de veto, que ceux des autres cinq membres permanents que sont la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
« Nous sommes opposés par principe à ce droit mais tant qu’il existera, tous les membres permanents doivent pouvoir l’exercer. » a précisé le Groupe des États d’Afrique.
Si l’Union africaine a, depuis plusieurs années, œuvré pour une représentation juste et équitable au sein du Conseil de sécurité, c’est dans l’espoir d’enfin corriger l’injustice historique qui lui a été faite jusqu’alors, qui la privait de pouvoirs lui permettant de régler et prévenir les conflits qui sévissent à l’échelle continentale.
Pour la période 2024-2025, l’Algérie occupera très probablement un des deux sièges demandés par l’Afrique au Conseil de sécurité de l’ONU, en qualité de membre non-permanent pour la zone Afrique, une candidature approuvée l’UA lors des travaux de la 38e session du Conseil exécutif de l’UA.
La diplomatie algérienne, suite à la tournée africaine de son représentant, le Ministre Sabri Boukadoum, entend ainsi défendre les nombreux dossiers ayant traits aux conflits en Afrique et non résolus par l’ONU, tels la Libye, la province éthiopienne du Tigré, le Sahara Occidental, la région du Sahel, violences au Sud Soudan…
Pour rappel, le 29 décembre 2020 une correspondance avait été adressée par le Représentant permanent de l’Afrique du Sud au Secrétaire général de l’ONU, concernant « les décisions de la quatorzième session extraordinaire du sommet de l’Union africaine, sur le thème »Faire taire les armes », y compris une décision sur La question du Sahara occidental ».
Par l’affirmation diplomatique de ses Grandes Nations sur le Continent, l’Union Africaine à travers son Conseil de paix et de sécurité, mais aussi grâce aux organisations régionales et sous-régionales africaines, entend définitivement prendre main sur les hésitations et contradictions du Conseil de sécurité de l’ONU, et faire cesser le jeu trouble de certains de ses membres, afin de régler définitivement les problèmes de sécurité sur le continent.
Bachir Outaghani
bachir.outaghani@protonmail.com
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