
Ali Zendjabil est entré en Algérie en 2010, avant d’être arrêté à l’aéroport Houari Boumediene sur la base du mandat d’arrêt international lancé par les autorités françaises. Un PV d’audition, que l’on dit favorable, lui aurait alors été dressé par le policier L. Djilali, lui permettant de bénéficier de l’acquittement du tribunal de Tizi Ouzou en novembre 2011.
Au cours de l’année 2017, Ali Zendjabil a été placé sous contrôle judiciaire par le procureur du tribunal de Bir Mourad Rais, après s’être présenté aux services de sécurité de Dély Brahim pour signaler la perte de son passeport, alors qu’en fait le prévenu était poursuivi en France pour blanchiment d’argent et trafic de drogue.
Le Procureur Général chargé du Tribunal criminel d’Alger, Ali Heddli, avait alors procédé le 18 Décembre 2018 à l’audition de ce Franco-algérien, suite au mandat d’arrêt international lancé à son encontre par le parquet général de la cour d’Alger, sur demande de la Justice française.
Arrêté dans le cadre de cette enquête sur un réseau international spécialisé dans le trafic de drogue, Ali Zendjabil, originaire de la wilaya de Tizi Ouzou et considéré comme l’un des barons de la drogue, avait été incarcéré au sein de l’établissement pénitentiaire d’El Harrach. Il est par ailleurs accusé d’avoir fourni des informations et de s’être adonné à une activité d’espionnage au profit d’un pays étranger au détriment de l’Algérie !
Comme il fallait s’y attendre, le principal inculpé Ali Zendjabil a catégoriquement nié avoir fourni des renseignements de nature sécuritaire, comme l’affirmaient les enquêteurs des services de sécurité, avec détail.
Pourtant, et selon les propres aveux de Zendjabil face au magistrat instructeur, ce serait son ancienne relation, l’inspecteur de police L. Djilali, qui lui aurait permis de faire la connaissance de l’agent des services de sécurité de l’Ambassade de France en Algérie, le dénommé Rudolph.
Ce dernier, qui avait pris en charge Ali Zendjabil, lui aurait présenté d’autres éléments des services de sécurité de l’Ambassade dont Stéphane et Kamel Belhadi. Ce dernier activait sous couverture de simple employé technique à l’ambassade.
Le rapport de l’enquête avait nettement confondu Ali Zendjabil, pour avoir eu une relation suspecte avec cet homme du renseignement français dénommé Kamel Belhadi, qu’il rencontrait au parc Peltzer de l’ambassade de France, sur les hauteurs d’Alger à Hydra, et à qui il remettait de nombreux renseignements sur la situation politique et sécuritaire en Algérie…
Ainsi, Kamel Belhadi avait, à plusieurs reprises, demandé à Ali Zendjabil de solliciter ses contacts pour obtenir des informations sur le navire « Tiona », amarré au port d’Alger et transportant de la drogue, mais a également exigé d’obtenir des rapports d’enquête sur des affaires de blanchiment d’argent !
Durant le procès, le procureur a mis toute la lumière sur les relations étroites entretenues par l’accusé avec de hauts responsables de la sécurité au niveau de l’aéroport de Houari Boumediene et du port d’Alger, à travers lesquels Ali Zendjabil collectait des renseignements sécuritaires sensibles liées à l’Algérie, et réunissait des informations en lien avec les mouvements d’entrée et sortie de personnalités au niveau des frontières, pour les remettre aux les services de renseignement français.
Zendjabil, qui avait affirmé avoir traité avec les employés de l’ambassade de France dans un cadre qui n’a pas dépassé la prestation de services gratuits et un cadre amical, remettait pourtant des informations confidentielles aux services de renseignement français, durant des réunions secrètes qu’il organisait avec ses contacts étrangers et un officier de police dénommé Hicham B. Ali, qui occupait le poste de chef de la police judiciaire au niveau de la police des frontières à l’aéroport de Houari Boumediene, ainsi que H. Nafâa, chef de la brigade de contrôle des navires au niveau du port d’Alger.
Et c’est ainsi que Ali Zendjabil avait fourni à Stéphane, via l’application de « WhatsApp », des informations importantes concernant une personne de Bejaia, recherchée par les autorités françaises. Stéphane avait ainsi pu récupérer des informations confidentielles sur les dates d’entrée de cette personne en Algérie, et qui se trouvaient stockées dans la base de données de la police des frontières, toujours avec l’aide de son ami policier, L. Djilali.
D’autres informations, concernant de hauts fonctionnaires de police, un ex-membre de l’ex FIS arrêté en Italie et des véhicules volés recherchés par Interpol, étaient transmises par Ali Zendjabil aux agents des services de renseignements de l’Ambassade de France, et étaient aussitôt transférées au commissaire divisionnaire et attaché de sécurité intérieure de l’Ambassade de France à Alger, un certain appelé Arif Daoud.
En échange de ses informations, Ali Zendjabil avait obtenu certaines faveurs et privilèges, lui facilitant l’obtention de visas de voyage en France pour certains de ses contacts, et pouvoir conduire un véhicule de l’Ambassade de France avec plaques diplomatiques !
Finalement, le juge du tribunal criminel de Dar el Beida dans la wilaya d’Alger, a prononcé ce 11 Novembre 2020, une peine de 7 ans de prison ferme contre Ali Zendjabil, pour avoir fourni des informations sensibles et secrètes, au profit d’un pays étranger au détriment de l’Algérie !
La même instance a prononcé des verdicts allant de l’acquittement à 18 mois d’emprisonnement ferme contre d’autres prévenus, également accusées de plusieurs chefs d’inculpation notamment d’avoir recueilli les renseignements et les documents dans le but de les remettre à un pays étranger, ainsi que création d’un réseau de narcotrafiquants.
Fabienne Outar
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