
Durant ces 20 longues dernières années, Abdellah Mellak fut l’un des piliers du système judiciaire algérien. Un système profondément scélérat qualifié de « justice du téléphone » par les Algériennes et Algériens en raison de sa profonde dépendance vis-à-vis de l’arbitraire politique.
Auteur : Par la Rédaction
Après avoir exercé des fonctions de procureur de la République à El Harrach, Rouiba et Cheraga, il a été promu aux postes de Procureur général adjoint à Alger, Procureur général à Biskra (centre du pays) et Procureur général à Tizi Ouzou.
Mais en 1996, il a été nommé avocat général à la Cour Suprême. Un poste qu’il avait su conserver jusqu’au 10 juin 2019, date à laquelle il a été limogé par le Président par intérim de l’Etat, Abdelkader Bensalah. Durant 23 ans, Abdellah Mellak était le doyen des avocats généraux de la Cour suprême en Algérie.
Cet homme puissant du système judiciaire algérien était également l’un des plus gros bénéficiaires des bourses d’études offertes par l’Ambassade de France à Alger.
Entre 2012 et 2017, Abdellah Mellak avait bénéficié d’une dizaine de bourses d’études pour partir peaufiner sa formation juridique dans les plus brillantes écoles de magistrature françaises, a-t-on appris au cours de nos investigations.
Dans le cadre de la coopération bilatérale entre l’Algérie et la France, Abdellah Mellak a été traité comme un « prince » et multipliait les voyages vers la France tout en étant pris intégralement en charge grâce à des bourses d’études financées par les diverses services de coopération de l’Etat Français.
Le montant moyen de ces bourses était d’au moins 1000 euros la semaine sans compter les billets d’avion et les hébergements dans des hôtels parisiens situés tous dans de chics quartiers à proximité de la Tour Eiffel.
A titre d’exemple, en septembre 2016, Abdellah Mellak a dirigé la délégation algérienne invitée par les autorités françaises à la 28ème session «Sécurité et Justice » organisée à l’Ecole Nationale de Magistrature (ENM) de Paris.
En janvier 2017, Abdellah Mellak comme plusieurs autres magistrats algériens a bénéficié d’une prestigieuse prise en charge qui lui a été délivrée par l’Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale afin de participer à une formation spécialisée dispensée par l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ), un prestigieux établissement français situé au cœur de Paris à la Place Joffre.
Le 14 mai 2017, Abdellah Mellak a bénéficié d’un important voyage d’études en Bulgarie, en Europe de l’est. Un voyage organisé et offert également par l’INHESJ, a-t-on constaté au cours de nos investigations.
Fin avril 2017, le magistrat algérien était déjà à Paris pour un autre séminaire de l’INHESJ.
Rien qu’entre 2016 et 2017, on ne compte plus les voyages et formations à l’étranger dont avait bénéficié généreusement ce magistrat algérien sans oublier les différents colloques organisés en France et auxquels à chaque fois une délégation de la Cour Suprême algérienne est invitée.
Des bourses de plusieurs milliers d’euros ont été ainsi accordées à Abdellah Mellak en raison de son poste stratégique au sein de la Cour Suprême qui lui conférait aux yeux des autorités françaises une importante influence au sein de l’appareil judiciaire algérien.
Une influence acquise au prix des pratiques les plus scandaleuses de cette justice du téléphone qui accable l’innocent et protège le plus fort selon les injonctions téléphoniques communiquées d’en haut aux magistrats algériens.
Mais le pire est caché dans un recoin secret du passé d’Abdellah Mellak, le doyen des avocats généraux de la Cour suprême en Algérie.
Le comportement personnel de ce magistrat illustre à lui-seul l’immoralité du système judiciaire algérien.
Et pour cause, le 15 septembre 1998, Abdellah Mellak a été condamné en France par le tribunal de grande instance de Meaux, dans la région parisienne, pour vol après avoir passé une garde à vue au commissariat de police de Chessy où il avait reconnu avoir volé plusieurs objets et jouets dans un magasin de Disneyland Paris !
Au moment des faits de cette triste affaire, il était déjà l’un des plus célèbres procureurs algériens et avocat général à la Cour Suprême à Alger.
Face aux policiers français, le Procureur algérien avait raconté une histoire totalement absurde pour maquiller le vol de plusieurs objets et jouets. Abdellah Mellak avait affirmé qu’il se trouvait dans la boutique avec son fils et sa femme quand celle-ci avait été prise d’un malaise.
Tous trois étaient ensuite sortis du magasin pour faire prendre l’air à madame, des sacs remplis de marchandises à la main. Les agents de surveillance de Disney ont alors dressé un inventaire de rentrée scolaire : sweet-shirts, chaussettes, trousses, stylos, porte-clés, etc.
La direction Disneyland avait poursuivi le magistrat algérien pour vol et déplorait à l’époque un préjudice de 2 000 Francs.
Toutes les marchandises ont été restituées à l’issue de la garde à vue. Abdallah Mellak avait été condamné à verser une amende de 5 000 F pour son délit. Il avait condamné à payer également à Disney 2 000 F de dommages-intérêts.
En dépit de ce scandale profondément humiliant pour l’image de l’institution judiciaire algérienne, Abdellah Mellak n’a jamais été inquiété par les autorités algériennes et il a été maintenu dans son poste pendant 23 longues années.
Il a été même mis en relief par la Cour Suprême pour lui permettre de profiter excessivement des largesses financières des services de la coopération internationale de la diplomatie française entre 2012 et 2017. Quel joyeux destin pour le magistrat algérien…
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