Le Président français Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune se sont engagés à travailler ensemble sur la question mémorielle. La France a ainsi reconnu la responsabilité de l’État dans la disparition de Maurice Audin, jeune mathématicien communiste et anticolonialiste arrêté durant la guerre d’Algérie; puis a restitué, en Juillet 2020, les vingt-quatre crânes de résistants décapités au XIXe siècle et entreposés à Paris.
Après avoir reconnu, le 03 Mars 2021, la responsabilité de la France dans l’assassinat de l’avocat indépendantiste Ali Boumendjel en 1957, le Président français Emmanuel Macron vient de décider, sur recommandations du rapport de l’historien Benjamain Stora, de « réconcilier les mémoires » entre Algériens et Français en rendant possible l’accès aux archives secrètes qui date de plus de 50 ans, et qui couvrent l’histoire de la guerre de libération d’Algérie.
« Le président de la République a pris la décision de permettre aux services d’archives de procéder dès demain aux déclassifications des documents couverts par le secret de la Défense nationale selon le procédé dit ‘de démarquage au carton’ jusqu’aux dossiers de l’année 1970 incluse » avait rapporté le communiqué de l’Elysée le 09 Mars 2021.
Aussi, dès aujourd’hui 10 Mars 2021, les chercheurs de la communauté universitaire pourront accéder aux milliers de cartons renfermant des archives et documents relatifs à la guerre d’Algérie » (1954-1962), classifiés « secret-défense nationale » par les Archives Nationales et par les services des Ministères des Affaires étrangères et des Armées.
Si les dossiers concernant les opérations militaires, l’infiltration du FLN, la torture, les disparus de la guerre et les documents internes que l’Etat a été susceptible de produire durant cette période, l’Elysée semble encore réticent à donner accès à d’autres archives qui pourraient être susceptibles de compromettre la sécurité et la défense nationales, dont celles sur les essais nucléaires menés par la France dans le Sahara algérien dans les années 1960.
Si M. Macron a tenu la promesse faite lors d’un voyage en Algérie alors qu’il n’était encore que candidat à l’élection présidentielle en février 2017, qualifiant déjà la colonisation de « crime contre l’humanité » et de « vraie barbarie », puis reconnaissant en 2020 en tant que chef de l’Etat que la France avait mis en place un « système » entraînant des actes de « torture » pendant la guerre, Alger n’a toujours pas fourni de geste de réciprocité !
Le directeur des archives algériennes, Abdelmadjid Chikhi, chargé par Abdelmadjid Tebboune de travailler sur la mémoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie avec l’historien français Benjamin Stora et qui avait officiellement demandé à la France de lui remettre « la totalité » des archives de la période 1830-1962 la concernant, n’a toujours même remis son rapport.
Depuis presque huit mois, l’équipe algérienne en charge de ce dossier ne s’est jamais réunie et rien ne filtre sur l’existence même d’un éventuel document ou du moins d’un travail sur la mémoire…
Il faut noter qu’à peine une semaine après sa nomination en qualité de conseiller en charge des archives nationales et de la mémoire nationale auprès du président Abdelmadjid Tebboune, l’ancien moudjahid de la Guerre de libération nationale et très conservateur Chikhi s’était d’emblée attaqué à la France l’accusant de se livrer à une guerre contre les composantes de l’identité nationale que sont la langue arabe, l’islam et les coutumes et traditions ancestrales.
Abdelmadjid Chikhi avait par ailleurs émis des doutes sur la volonté politique de la France de faire aboutir les pourparlers concernant la récupération des archives, alors qu’elles n’étaient suspendues qu’à cause de la pandémie de la Covid-19…
Incompétence ou un rapport classé secret défense ? Ce qui qui est sûr est que notre Pays ne pourra jamais avancer avec des personnes qui regardent plus son passé que son Avenir.
Pauvre Algérie…
Y.F.Cheikh
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