
Malgré les révélations et preuves sur les nombreuses et douteuses transactions financières de la famille Rebrab, les affaires de la première fortune d’Algérie n’ont jamais réellement cessé à l’étranger. Au contraire, elles sont reparties de plus belle alors même qu’elles ont, en partie, values à Issad Rebrab d’être condamné par la justice le 1er janvier 2020 à 18 mois de prison dont six fermes, avant d’être incarcéré et libéré après 8 mois de détention, pour fausses déclarations concernant le mouvement de capitaux de et vers l’étranger et surfacturation.
L’incroyable fortune que les Rebrab ont amassé durant plusieurs décennies, alors qu’ils étaient avantagés et protégés, a pu être sauvegardée à l’étranger grâce à l’aide de précieux prête-noms de confiance et au recours à des montages financiers complexes dans des paradis fiscaux, pour effacer toute trace qui puisse les lier aux formidables mouvements d’argent soustraits d’Algérie. Explications.
L’Algérie a exporté pour 2 Milliards de dollars de produits hors hydrocarbures durant les 11 mois de 2020. Près de 250 Millions de dollars ont concerné le sucre et plus de 430 Millions de Dollars ont concerné les huiles et autres produits provenant de la distillation des goudrons de houille.
Les Rebrab ont exporté, à travers Cevital, plusieurs millions de tonnes de leur production de sucre et d’huile dans plusieurs pays notamment en Europe, en Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest ainsi qu’au Moyen-Orient.
Aussi, avec les incertitudes liées à la pandémie du Covid-19, le groupe Cevital avait décidé d’augmenter drastiquement ses importations de matières premières, telles les fèves de soja qui ont, selon les statistiques des douanes algériennes, bondi de 11,23 Millions de Dollars à près de 300 Millions de Dollars !
Pour cela, les Rebrab, principaux exportateurs de cette catégorie de produits, ont créé de nombreuses sociétés à Londres, ou à Dubai même si certaines d’entre elles sont en phase d’être fermées, telle Majime SPV ltd, créée Juin 2017 au capital est de 1 Million de Dollars dont le directeur n’est autre que la propre épouse de Salim Rebrab, Pui Yan Leung, et ce jusqu’au 17 Décembre 2019, avant de laisser place à un conseiller d’Issad Rebrab, Mehdi Adam Iskounen.
Cevital International (Dubai) Ltd est une autre entité utilisée depuis 2013 par la famille Rebrab. Dotée d’un capital social de 1 Million de Dollars, Pui Yan Leung, résidente britannique, était l’administratrice de l’entreprise Cevital International jusqu’au 17 Mai 2020, après en avoir été la Directrice jusqu’au mois de Mai 2019, avant d’être remplacée par l’actuel directeur : Mehdi Adam Iskounen.
Ce dernier, est vite devenu le ‘’Monsieur International’’ de Cevital. Si bien qu’on le retrouve dans la plupart des projets internationaux annoncés par le premier groupe privé algérien, que cela soit à Djibouti, ou le plan d’investissement a capoté à la fin de l’année 2019, ou encore en Côte d’Ivoire et au Brésil, premier fournisseur au groupe algérien en soja, matière première indispensable aux usines de Rebrab pour la production d’huile.
Notons que depuis l’année 2015, les investissements liés au projet d’implantation de Cevital en vue de la création d’un port et d’un complexe industriel dans la région de Bacarena, nouveau pôle industriel du nord-est de l’état du Brésil, n’ont toujours pas aboutis…
Mehdi Adam Iskounen en négociation pour Cevital Brésil
Mehdi Adam Iskounen, de nationalité américaine, est natif de Béjaïa ou il est né en Janvier 1950. Après avoir travaillé quelques années pour General Electric, il s’est retrouvé à la tête de nombreuses compagnies éparpillées dans le monde, dont la société allemande Silvertech International Limited spécialisée dans les logiciels et systèmes de sécurité, dont il a été le Directeur en 1997.
Entami Corporation, est une autre société créée par Iskounen en 2002 dans l’Etat de Virginie aux Etats Unis. Celle-ci avait ouvert une filiale au Luxembourg, Entami technologies, avec pour associé la société Portek basée à Singapour ou Iskounen est actionnaire minoritaire au sein de cet opérateur de terminal et fournisseur d’ingénierie d’équipement portuaire, filiale depuis 2011 du conglomérat japonais Mitsui & Co.
Dissoute après 6 années d’activité, la luxembourgeoise Entami technologie a eu toutefois largement le temps de vendre des équipements électroniques de surveillance industrielle à l’Algérie, dans le cadre des projets portuaires…
A la tête de Cevital International Ethiopia Agro Industries PLC depuis le mois d’Août 2017, Iskounen avait créée en 2003 une entreprise de droit algérien dénommée Algerian Development Corporation (ADC), avec sa société Entami Corporation, qu’il manage avec sa famille, mais également en association avec Portek America, filiale américaine du groupe singapourien Portek International dont il est le responsable local dans le pays de l’Oncle Sam…
C’est cette même société ADC qui a réalisé le terminal à conteneurs du port de Bejaia, en partenariat avec l’Entreprise portuaire de Bejaia (EPB) pour un investissement de 25 millions de dollars. Terminal qui dans le cadre d’un contrat de concession convenu pour une période de 25 années, est géré par Bejaia Mediterranean Terminal (BMT), une société formée par EPB et Portek International, dont Iskounen, l’homme de confiance et associé de Rebrab, est le PDG…
Rappelons, qu’un autre Iskounen répondant au prénom d’Achur, négociant en matière première basé également aux Etats-Unis, et plus précisément à New York, avait créé un fond de placement doté d’un capital de 1 Millions de dollars, dénommé ISKOUNEN & CO. AG & INFRA FUND, LTD…dans le paradis fiscal des Iles Caïmans, dans le but de spéculer sur certaines matières premières et bien évidemment…le Sucre !
C’est le plus souvent grâce à ce réseau de sociétés servant de paravent à la famille Rebrab, que l’argent disparait dans des comptes à l’étranger, comme pour les usines Fagor et Brandt, qui selon des informations qui nous sont parvenues, ne seraient toujours pas rentables mais qui resteraient maintenues pour permettre d’éventuels transferts d’argent entre l’Algérie, la France, la Suisse ou encore Hong Kong et Singapour…
L’enquête de nos confrères d’Algeriepart sur les affaires secrètes de la famille Rebrab en Suisse et à Dubai, parue au mois de Juin 2017, avait dès les mois de Décembre 2017 poussé les Rebrab à apporter des modifications aux statuts d’une de leur principale entreprise à l’étranger, SKOR International, qui va alors changer de dénomination, pour devenir : Antei International SA.
Surpris par nos révélations documentées qui ont mis à jour l’opacité de leur activité, le clan Rebrab se retire discrètement des statuts de cette filiale suisse et décharge l’épouse de Salim Rebrab, Pui Yang Leung, de la Présidence de l’Entreprise, même si elle en reste l’administratrice.
Maxime Lekimpe, dirigeant de l’obscure société de Trading Nafora SA fondée par les frères Samer et Fouad Darwish à Lausanne, avait passé près de 10 années chez le géant américain spécialisé dans la fourniture d’ingrédients alimentaires et dans le négoce de matières premières, Cargill International, en qualité de trader dans le sucre. En octobre 2013, Maxime Lekimpe est devenu le Directeur de la Société Antei International et c’est, selon nos informations, sous sa direction qu’avait été établi le dossier administratif permettant à Pui Yan Leung d’obtenir une résidence en Suisse, alors qu’elle n’y a jamais réellement résidé…
A-t-on usé transmis de fausses déclarations aux autorités suisses concernant la situation Pui Yan Leung ? Nous avons contacté le Directeur d’Antei International, Mr Maxime Lekimpe, et avons, dans le cadre d’un droit de réponse, tenté d’avoir sa version sur les informations que nous avons pu recueillir. A ce jour, nous n’avons reçu aucune réponse.
Pourtant il y a de quoi se poser des questions, quand on sait que des bureaux d’Antei International, sis au 11 B Chemin des Esserts, ont été loués à 3000 Euros par mois, sans être correctement déclarés au Fisc, ce qui a valu à l’entreprise un rappel des services des impôts suisses.
Ou alors que Maxime Lekimpe avait pu créer au nom de son épouse une société de transport maritime basée en suisse, GCN Shipbrokers, principalement pour facturer aux Rebrab des prestations de services hautement rémunérées…
Nous avons pu consulter plusieurs factures émises par la société GCN Shipbrokers, qui s’élèvent chacune à des centaines de milliers d’Euros en frais de consulting, et adressées le plus souvent à la société Sugoil Corporation, sans réelle contrepartie…
Surprenant quand on sait que Nolis, créée en 2000 et géré par Salim Rebrab, l’époux de Pui Yan Leung, est la filiale de Cevital chargée principalement du transport maritime du Groupe. Cet armateur active essentiellement depuis le port maritime de Santos, dans l’État de São Paulo au Brésil, et le terminal de Bejaia, que gère l’homme de confiance des Rebrab, Mehdi Adam Iskounen ! Surprenant ? Attendez la suite…
Au mois de Décembre 2019, un avis paru sur le registre du commerce des Iles Vierges, faisant suite à une menace de radiation de Sugoil Corporation décidée par les autorités locales au mois de Novembre 2019, pour absence d’identification des réels propriétaires de cette société off-shore.
Les propriétaires de Sugoil Corporation ont préféré liquider l’entreprise plutôt que de révéler leur identité, et ont désigné comme liquidateur… Pui Yan Leung ! Encore plus surprenant ? Oui mais ce n’est toujours pas fini…
Les affaires des Rebrab s’accélèrent et sont si bonnes que ces deniers vont, en 2018, augmenter le capital d’Antei International pour le porter à 25’000’000 de Francs suisses et désigner Olivier Koenig comme Président du Conseil d’Administration, lui qui administrait déjà la société Mediterranean Float Glass Europe AG, la société de Salim Rebrab à Genève. Mais la décision la plus étonnante va être celle que la famille Rebrab va prendre pour décider d’un changement d’adresse d’Antei International, pensant ainsi pouvoir effacer toute trace de leurs activités financières à l’étranger et se faire oublier…
Ils vont même aller plus loin après l’arrestation et l’emprisonnement du patriarche Issad Rebrab au mois d’Avril 2019. Pui Yan Leung, qui rappelons-le est originaire de Singapour, de nationalité britannique et qui bénéficiait d’une résidence en suisse et désormais d’une autre à Hong Kong, ne va plus être administratrice d’Antei International et ses pouvoirs radiés…
Pourquoi avoir brusquement éliminé administrativement Pui Yan Leung de la société, si ce n’est qu’elle représentait le seul lien évident qui relayait les Rebrab à Antei International ?
Est-ce parce que, c’était elle qui gérait plusieurs sombres sociétés-écrans comme celle dans le paradis fiscal des iles vierges ? Nous laisserons à nos lecteurs le soin d’en juger…
La suite de cette palpitante enquête paraitra dans les jours à venir.
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