
Air Algérie, une société déficitaire et proche de la faillite relance l’édification de son siège social dans le quartier d’affaires de Bab Ezzouar, à la périphérie de la capitale algérienne. Ce projet, à l’arrêt depuis 2013, a suscité de nombreuses interrogations et une longue procédure d’arbitrage perdue par la compagnie aérienne publique.
C’est au mois de février 2007 qu’Air Algérie décide de s’offrir un nouveau siège après avoir sollicité le bureau d’études libanais Khatib et Allami.
Après un premier appel d’offres infructueux, Air Algérie attribue lors d’un second appel d’offres en 2009 cet ambitieux projet, à la société canadienne SM International, pour un montant de 83 millions d’euros et un délai de réalisation de 23 Mois.
Entre temps, Air Algérie décide d’entamer des travaux dans le but de gagner du temps en réalisant un fond de fouille. Cette excavation, réalisée pour y établir les fondations d’une construction, a pu finalement être réceptionnée par Khatib et Allami en 2009. Seulement les caractéristiques du sol ont changé car le terrain est resté exposé à la pluie et aux aléas du climat pendant plus de deux années.
Il faut dire que la signature du contrat de construction du Siège de la Direction Générale d’Air Algérie n’a pu avoir lieu qu’en février 2011, et l’ordre de service (ODS) de démarrage des travaux établi en juin 2011.
Quelques temps après la signature de ce contrat avec le société canadienne, Air Algérie change de tête, l’ancien PDG, M. Bouabdallah, est remplacé par Mohamed Salah Boultif, qui a, entre autres, représenté l’Algérie à l’Organisation internationale de l’aviation civile (Oaci), au Canada entre 2003 et 2004.
Dès son installation à la tête d’Air Algérie, M.Boultif va désigner un de ses conseillers, diplômé en Génie Civil, pour être le chef de projet du futur siège social d’Air Algérie, un certain…Amine Debaghine Mesroua !
Pour rappel, M.Mesroua, qui actuellement assure la fonction de PDG intérimaire d’Air Algérie, était employé de l’Entreprise de Gestion de Service Aéroportuaire (EGSA), dont le Directeur Général n’était autre que Mohamed Salah Boultif…
Alors que des actions d’assainissement du terrain étaient nécessaires au lancement du projet, le groupe canadien a demandé le paiement de travaux supplémentaires entrepris pour la mise à niveau du sol. Air Algérie a refusé le paiement, créant une crise sans précédent qui a eu pour conséquence l’arrêt total des travaux.
Devant ce retentissant scandale et les carences observées dans la gestion du projet, caractérisées par les graves manquements du chef de projet dans la mise à jour des plans et du permis de construire, de l’absence de système de désenfumage, etc., le P-DG d’Air Algérie Mohamed Boultif décide d’annuler le contrat, puis récupère une caution de 18 millions d’euros au prétexte que SMI n’aurait pas respecté ses engagements contractuels !
Pourtant, c’est le bureau d’études libanais Khatib & Allami, choisi par Air Algérie pour être le maître d’œuvre, qui avait, en violation des clauses du contrat, modifié le plan initial du projet sans que le groupe canadienne n’en soit informé ou destinataire des nouveaux plans…
Au nom d’Air Algérie, Amine Debaghine Mesroua aurait, selon nos informations, apporté de nombreuses modifications à l’aménagement des bâtiments et des changements importants qui ont exigé la réalisation de nouveaux plans, mais qui n’auraient pas respectés, selon la compagnie canadienne, la réglementation algérienne, causant ainsi des retards et des surcoûts, objets du litige.
Lésé, le groupe canadien de BTP a alors introduit une requête d’arbitrage devant la Chambre Commerciale Internationale de Paris en avril 2013, réclamant à la compagnie aérienne nationale 120 millions d’euros en dommages et intérêts, en raison des pertes occasionnées suite à l’annulation »abusive » du contrat.
Air Algérie a perdu son procès en arbitrage contre le groupe canadien SM International. La compagnie aérienne nationale a été condamnée, le 31 août 2017, à verser la somme de 1,5 milliard de dinars à la société canadienne, soit une perte pour Air Algérie de plus de 13 Millions de Dollars…
Pour protéger Amine Debaghine Mesroua, il va vite être entrepris de le faire éloigner d’Algérie et le nommer au siège de l’Association internationale du transport aérien IATA à Bruxelles en Belgique, puis au Canada pour représenter l’Algérie, comme l’a fait quelques années auparavant Boultif, à l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale.
Mais malgré l’amateurisme évident de ce chef de Projet et conseiller de Boultif, Amine Debaghine Mesroua se retrouvera quelques années après, miracle du régionalisme, conseiller du désormais ex-PDG d’Air Algérie : Bekhouche Allache.
Notons que ce dernier a été limogé par Abdelmadjid Tebboune pour un préjudice causé à la compagnie aérienne algérienne de l’ordre de 98.000 Dollars, correspondant au montant d’une importation de vaisselle en porcelaine pour les passagers de Première classe, en pleine pandémie du Covid-19, alors que les avions étaient cloués au sol.
Mais alors comment Abdelmadjid Tebboune peut-il nous expliquer que celui qui conseillait un PDG d’Air Algérie ayant failli dans sa mission, puisse être à son tour catapulté responsable de la Compagnie aérienne publique ?
Et comment le Président algérien peut-il être crédible dans sa démarche lorsqu’il accepte la désignation d’un PDG par intérim à la tête d’Air Algérie, alors même que cette personne a fait perdre à la compagnie pas moins de 13 Millions de Dollars ? Une véritable mascarade !
Alors qu’il existe des cadres compétents à Air Algérie, leur préférer des personnes qui ont montré leurs limites et qui ne présentent aucune expérience de gestion et de management digne de ce nom, est plus que criminel. Avant qu’il ne soit trop tard, de grâce arrêtez le massacre !
Pauvre Algérie…
YF.Cheikh
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