
Petre Roman, né le 28 juillet 1946 à Bucarest, est un homme d’État roumain qui été Premier Ministre entre 1989 et 1991, Ministre des Affaires étrangères entre 1999 et 2000 et Président du Parti de centre gauche Force démocrate, qu’il a créé en 2004 avant d’être dissous en 2013.
Son père Valter Roman, dont le réel nom de naissance est Ernő Neuländer, et qui est issu d’une famille juive aisée d’origine hongroise de Transylavanie, est une figure de la nomenklatura roumaine, puisqu’il a été Général et chef d’Etat Major de l’Armée roumaine, puis Ministre des Postes et Télécommunications.
Sa mère, Hortensia Vallejo, qui été membre du Parti communiste espagnol, deviendra directrice de la section espagnole de Radio Romania Internacional à Bucarest.
Petre Roman, a fait partie de l’équipe arrivée au pouvoir après le renversement du régime communiste de Ceausescu, ce qui lui avait valu d’être inculpé, en 2019, de crimes contre l’humanité par la Justice de son Pays avant que l’affaire ne soit classée, faute de preuves.
Plusieurs fois candidat malheureux à la présidence de la République de Roumanie, Petre Roman a été député et Ministre des affaires étrangères. Il est depuis fréquemment invité à des forums et ONG internationales tels le Forum de Crans Montana, Organisation internationale non gouvernementale créée en 1986, qui a pour mission la construction d’un monde meilleur. Les éditions de ce célèbre forum, couru par les grandes personnalités du monde politico-économique et financier de la planète, se tiennent depuis 2015 dans la ville de Dakhla, dans les territoires disputés du Sahara Occidental.
Si Petre Roman assiste régulièrement au Forum de Crans-Montana à Dakhla, pourrait-il être pour autant taxé de soutenir les thèses expansionnistes du Royaume du Maroc ? Qu’on en juge.
Le 14 Septembre 2000, lors de la Cinquante-cinquième Assemblée générale de l’ONU, un débat avait lieu sur la protection des civils dans les conflits armés. Petre Roman, alors Ministre d’État et des Affaires étrangères de la Roumanie, avait déclaré « Au Moyen-Orient […], la diplomatie en cours a offert l’espoir de solutions », avait-t-il déclaré. Pour la délégation roumaine qu’il présidait, il était évident que la diplomatie pouvait réussir si elle était fondée sur la configuration profonde des réalités humaines et sur l’aspiration fondamentale des gens ordinaires à une vie pacifique et décente.
Une position légaliste soucieuse du droit international et de la force de la diplomatie qui met aujourd’hui l’ancien Premier Ministre Roumain, Petre Roman, sur la courte liste de ceux pressentis pour être nommés au poste, vacant depuis plus d’une année, d’Envoyé Spécial du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara Occidental, après la démission en mai 2019 de l’Allemand Horst Köhler, qui avait invoqué des « raisons de santé ».
Notons qu’alors qu’il était Président du Sénat roumain, Petre Roman, en visite au Maroc, avait s’était distingué le 5 mars 1998 par le soutien de son pays au plan de paix de l’ONU pour le Sahara Occidental !
En 2009, Petre Roman, s’était rendu à nouveau au Maroc pour remettre aux autorités marocaines les recommandations formulées à l’issue des trois missions effectuées par le Club de Madrid dans le Royaume.
Le Club de Madrid est une organisation qui regroupe d’anciens Présidents ou chefs de gouvernement, qui ont, pour chacun, contribué à l’évolution démocratique de leurs pays respectifs, tels l’ancien président américain Jimmy Carter, l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl, ou encore l’ancien président tchèque Vaclav Havel.
Là encore, Petre Roman s’est une fois encore distingué par sa droiture et la clarté de ses positions, en phase avec celles du Club de Madrid. Il n’a pas hésité à adresser au Ministre de la Justice de l’époque Chakib Benmoussa, qui est depuis ambassadeur du Royaume à Paris depuis 2012, les principales attentes formulées par le Club de Madrid concernant la nécessaire réforme de la justice du Royaume alaouite, ainsi que celles concernant les questions délicates de la liberté d’expression et des droits de l‘homme, sujets tabous pour le Makhzen.
Enfin, au Mois d’Octobre 2020, en bon défenseur diplomate, Petre Roman a transmis une lettre à Ilham Aliyev, Président de la République d’Azerbaïdjan, pour lui exprimer sa « profonde préoccupation face à la reprise du conflit du Haut-Karabakh et à la poursuite des attaques contre la ville de Ganja causant la mort de civils, ce qui est une violation du droit international. »
« J’appelle toutes les parties impliquées à déployer leurs efforts pour le règlement pacifique de leurs différends de longue date dans le conflit du Haut-Karabakh et à respecter les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies et le droit international avec les principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et d’inviolabilité des frontières des États » a ajouté l’ex Premier Ministre Roumain.
Pourtant, malgré les principes et les convictions légalistes affichés par l’élu roumain, certains journalistes algériens ont récemment affirmé que l’éventualité d’une décision de l’ONU de nommer Petre Roman aux-fins de régler le problème du Sahara occidental était « surprenante« , étant donné que l’ancien Premier ministre roumain serait « pro-marocain » et connu comme un partisan de la colonisation du Sahara occidental par le Maroc.
Ainsi, le journal El Watan indiquait même ne pas comprendre le choix d’Antonio Guterres de confier à Petre Roman la tâche difficile de trouver une issue pacifique au conflit du Sahara occidental dans le strict respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, qui reconnaît au peuple Sahraoui le droit à l’autodétermination.
Contacté par le site roumain Digi24, Petre Roman n’a pas voulu fourni de détails sur les propositions qui lui auraient été faites par l’ONU.
« Je ne peux pas faire de commentaire là-dessus car c’est un processus de consultation. Cela inclut des discussions avec le Conseil de sécurité de l’ONU et je ne peux exprimer aucune position », a déclaré l’ancien Premier Ministre.
Il en va de même pour Petre Roman à propos de l’article publié dans la presse algérienne : « Encore une fois, je ne peux pas m’exprimer car le processus est en cours« .
Nous n’avons trouvé aucune preuve concrète de l’engagement clair ou sous-entendu attribué à Petre Roman, qui irait dans le sens d’une colonisation des territoires du Sahara Occidental par le Maroc, ou d’une quelconque reconnaissance de souveraineté du Maroc sur ce que l’Union Africaine reconnait comme la République Arabe Sahraouie Démocratique.
C’est probablement ce qui explique que la diplomatie algérienne n’ait pas fait de commentaires sur l’éventualité de la nomination du premier chef de gouvernement post-révolution de Roumanie, à la délicate fonction d’envoyé Spécial de l’ONU pour le Sahara Occidental.
Rappelons qu’au mois de février 2020, le nom du Ministre slovaque des Affaires étrangères Miroslav Lajčák avait été proposé au même poste, mais Rabat avait refusé cette nomination.
Le Maroc osera-t-il récuser une énième fois une personnalité comme Petre Roman ? On le saura bientôt !
Bachir Outaghani
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