
La crise sanitaire actuelle a montré que les pays en voie de développement doivent absolument assurer leur sécurité alimentaire, afin de faire face aux crises qui peuvent causer d’importantes perturbations aux cours mondiaux des produits agricoles de base.
La problématique de la sécurité alimentaire de l’Algérie, non encore solutionnée, risque même fortement de s’aggraver, du fait de la conjoncture économique défavorable traversée actuellement par l’insuffisance de la production locale, exposant ainsi le pays à une dépendance extérieure pour satisfaire une demande interne en produits alimentaires, de plus en plus importante.
Ces approvisionnements extérieurs engendrent le plus souvent des pénuries récurrentes et de fréquentes perturbations sur les marchés, excluant plus de 2 millions d’Algériens à l’accès à une alimentation suffisante…
Les besoins algériens de consommation en produits laitiers sont estimés à 5 millions de tonnes par an dont 70 % serait satisfait par l’industrie locale, largement dépendante des aléas météorologiques.
Il faut noter que l’Algérien consomme, selon les dernières estimations plus de 157 Kg de lait et de produits laitiers par an.
Aussi, l’Algérie importe-t-elle annuellement pas moins de 8 milliards de dollars de produits alimentaires de base, principalement de l’Union européenne, les poudres de lait constituant à elles seules plus de 20% des importations alimentaires totales du pays.
1,24 milliard de dollars de poudre de lait ont été importés en 2019, dont 232 000 tonnes de lait entier en poudre et environ 167 000 tonnes de poudre de lait écrémé.
Au premier Trimestre 2020, les achats de l’Algérie à l’étranger des produits laitiers ont augmenté à 363,96 millions de dollars, contre 339,15 millions de dollars à la même période en 2019, et ce malgré la diminution des importations décidée par les autorités publiques pour résorber le déficit global de la balance des paiements, qui a permis d’enregistrer, grâce également à la crise sanitaire, une baisse de près de 57% durant le premier trimestre 2020, par rapport au même trimestre de 2019 !
Lees principales destinations de lait entier en poudre exporté par l’Espagne, avec une valeur moyenne qui était de 3 058 $ US/ la tonne, ont été l’Algérie, qui a, en 2020, remplacé le Brésil, un pays qui possède une population 5 fois plus importante que l’Algérie avec ses 200 Millions d’individus…
Des importations, qui selon Khaled Soualmia, Directeur Général de l’Office National Interprofessionnel du Lait et des produits laitiers (ONIL), devraient permettre à l’Algérie de disposer d’un stock suffisant de poudre de lait, qui garantirait la consommation jusqu’au début de l’année 2021.
En Avril 2020 Khaled Soualmia avait affirmé en marge de la réception d’une cargaison de 500 tonnes de poudre de lait au port d’Alger que : « Nous rassurons les citoyens sur le fait qu’il n’y aura pas de manque ou de perturbation de l’approvisionnement en poudre de lait sur le marché national grâce aux stocks disponibles et à un approvisionnement continu des laiteries »
L’ONIL, qui importe annuellement plus de la moitié de poudre de lait, redistribue celle-ci aux laiteries sous forme de quotas subventionnés, dans le but de produire du lait pasteurisé conditionné en sachet vendu au prix administré de 25 DA/litre.
Or ce produit subventionné va être le plus souvent utilisé par certains acteurs pour fabriquer des produits dérivés, tels les yaourts, et fromages, dont la vente leur serait bien plus rentable.
Il est évident que le Ministre du Commerce , Kamel Rezig, par trop populiste, n’est finalement jamais arrivé à bout de cette mafia du lait qui s’est incrustée dans marché de la distribution, et qui continue de défier l’Etat !
Le Conseil des Ministres tenu le 18 Janvier 2020, présidé par le Président de la République Abdelmadjid Tebboune, avait pourtant passé en revue un nouveau plan du Gouvernement, notamment dans un des secteurs les plus stratégiques : l’agriculture.
Le Président avait alors identifié comme priorité pour ce secteur : le traitement définitif, dans un délai n’excédant pas six mois, de la question du manque de lait, à travers la mise en œuvre d’une politique de modernisation et de partenariat !
Menaçant, le Ministre Rezig avait affirmé, lors d’une rencontre nationale avec ses cadres au mois de Janvier 2020, que : « Quiconque veut tester la force de l’Etat après une semaine le verra, que ce soit un revendeur ou un distributeur de lait ».
Des paroles sensées être fermes et rassurantes, mais restées que paroles en l’air, car depuis, la disponibilité du sachet de lait ne s’est toujours pas imposée aux citoyens algériens.
Malgré les mesures légales prises au mois de Juin 2020, lorsque le Premier Ministre Abdelaziz Djerrad avait signé un décret exécutif interdisant « La réorientation et/ou l’utilisation de la poudre de lait subventionnée pour la fabrication du lait entier pasteurisé ou d’autres produits ou produits laitiers et dérivés. L’utilisation du lait pasteurisé conditionné en sachet, par tout agent économique, notamment par les établissements de débits de boissons, les cafés et les restaurants, étaient interdites, conformément à la législation en vigueur, et tout manquement à cette disposition est sanctionné, conformément à la législation en vigueur ».
Mais il faut bien croire que tout cela a été vain, au vu des nombreux et nouveaux épisodes de pénuries de lait en cette année 2020.
Le Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural, Abdelhamid Hemdani, va à son tour promettre, au mois de Novembre 2020, que toutes les mesures avaient été prises pour permettre à la filière lait de surmonter les difficultés auxquelles font face actuellement ses acteurs, notamment les éleveurs, en raison du stress hydrique et de la crise sanitaire.
Malheureusement, le gouvernement n’a toujours pas pu résoudre définitivement ce problème, l’Algérie renouant depuis quelques jours, avec une nouvelle pénurie de lait en sachet, qui pénalise les familles aux revenus modestes, et aux petites bourses d’accéder à cet aliment de base …
Comme à l’accoutumée, le Ministre Abdelhamid Hemdani, a une fois encore promis devant les députés de l’Assemblée Populaire Nationale, lors d’une plénière consacrée aux questions orales en ce 17 décembre 2020, que le circuit de commercialisation de lait subventionné sera révisé pour une distribution équitable et pour venir à bout de la pénurie de cette matière essentielle dans certaines régions…
Encore les mêmes promesses, qui font que l’Algérie nouvelle n’est clairement pas à la portée de ces ministres incompétents et à ce gouvernement aussi médiocre qu’impuissant.
L’importance d’opérer à une rupture, à laquelle s’était engagé le Président de la République s’éloigne de jour en jour. Abdelmadjid Tebboune l’avait pourtant qualifiée d’impérative, pour s’orienter vers de nouveaux modes de gestion du secteur adaptés aux besoins et spécificités de notre pays ! Rien
de tout cela n’a eu lieu, et ne sera manifestement jamais au rendez-vous.
Pauvre Algérie…
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