
Le 20 Novembre 2020, un syndicat de police espagnol : Alternativa Sindical de Policia avait déclaré « soutenir fermement » une initiative française de restriction de visas et d’expulsion de personnes ayant une origine maghrébine, soulignant que c’est la seule solution pour des Etats comme le Maroc ou l’Algérie de réadmettre ces immigrés sur leur territoire.
Le syndicat accuse même l’Algérie d’utiliser la carte de l’immigration clandestine comme une stratégie de pression « car par hasard pendant les mois de juillet et août 2020 des centaines de bateaux à moteur ont quitté ses côtes en plusieurs vagues de 2000 immigrés algériens arrivés sur la côte de Iles Baléares, Almería et Murcie ». « Cette situation n’a été réglée qu’après que le gouvernement espagnol ait signé un accord pour fournir du gaz algérien jusqu’en 2030« …
Pour les services de Police, le terrorisme djihadiste importé par des individus « infiltrés » dans de petits bateaux se rendant aux îles Canaries, Almería, Algésiras, Baléares et Levante entre autres destinations européennes, est l’une des préoccupations majeures des services de police européens.
En outre, Clément Beaune, Secrétaire d’État français aux Affaires européennes, avait quant à lui dévoilé un plan de réduction de la pression migratoire consistant à récuser les demandes de visas aux pays qui refusent de rapatrier leurs ressortissants en situation irrégulière et soupçonnés de radicalisation.
Invité à s’exprimer sur les ondes d’Europe 1, le 15 octobre dernier, le responsable français avait évoqué une possible « réduction ciblée », insinuant que la France changerait sa politique de délivrance de visas d’un point de vue quantitatif concernant des pays bien précis.
Il s’agit notamment de l’Algérie qui a rejeté la liste des « Français d’origine algérienne fichés pour radicalisme » que la France désire expulser vers leur pays d’origine.
Harragas marocains dans les iles canaries
En visite à Alger le 08 Novembre 2020, Gérald Darmanin avait demandé la relance de la coopération en matière d’éloignement, entravée par la fermeture des frontières en raison de la pandémie de Covid-19, alors que les départs clandestins ont augmenté depuis le Maghreb.
Selon le Ministère français de l’Intérieur, la France compterait 231 étrangers en situation irrégulière suivis pour « radicalisation », dont une soixantaine de Tunisiens, autant de Marocains et un peu plus d’Algériens.
Selon plusieurs sources, l’Algérie aurait refusé cette liste contenant des noms d’Algériens nés en France, et qui ne sont ni migrants clandestins ni Harragas, mais des individus impliqués dans des actes de violence ou de terrorisme nés en France, mais dont les parents sont d’origine algérienne.
Plusieurs visites de Ministres français et espagnols avaient été effectuées ces derniers mois à Alger, pour tenter de trouver une solution à cet épineux problème, mais sans qu’aucune réelle solution ou compromis ne se dégage.
Aussi, le 27 Novembre 2020, le parti politique espagnol d’extrême droite Vox, fondé en 2013 et dirigé par Santiago Abascal, a enregistré une proposition pour débat à la Commission des Affaires étrangères de l’assemblée espagnole, dénommée Congrès des Députés, dans laquelle il appelle le gouvernement à adopter des « contre-mesures urgentes » pour arrêter la vague massive d’immigration irrégulière vers les côtes espagnoles.
Parmi ces propositions, la suspension de délivrance ou d’octroi de visas d’entrée en Europe à tous les ressortissants de pays d’origine de l’immigration irrégulière et clandestine comme l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie, tant que ces pays ne réadmettent pas à leurs frontières tous les immigrés clandestins qui quittent leurs côtes en direction de l’Espagne.
Ils exhortent par ailleurs les institutions européennes à imposer des sanctions économiques au Maroc, à l’Algérie et à la Mauritanie pour les mêmes raisons.
Les dirigeants du parti Vox proposent également que l’agression subie par l’Espagne, par les États d’Afrique du Nord ne contrôlant pas le trafic irrégulier de personnes dirigées vers les côtes espagnoles, soit signalée aux organisations internationales.
En vertu des articles de la loi sur la sécurité nationale, Vox demande de déclarer la crise migratoire comme une question d’intérêt pour la sécurité nationale, de manière à ce que le déploiement de tous les ressources humaines et matérielles nécessaires, soit suffisant pour « empêcher, protéger et décourager l’accostage des navires avec des immigrants illégaux sur le territoire national ».
Harragas algériens vers l’Espagne
Rappelons qu’il y a un mois, le groupe parlementaire Vox avait demandé au Congrès des Députés d’étudier une proposition qui imposerait au gouvernement une stratégie capable de maintenir la supériorité des forces armées espagnoles sur le front sud de la péninsule, et la planification de l’acquisition de 200 missiles antinavires à longue portée, afin de protéger l’Espagne du Maroc et de l’Algérie…
S’il parait clair que ces mesures populistes sont proposées pour apaiser une opinion publique lassée par la crise multiforme que connait la Péninsule ibérique, il est tout aussi clair que cela ne va certainement stopper le phénomène de la harga, et tendrait à créer une pression diplomatique et économique grave avec les pays du Maghreb, ce qui nuirait aux intérêts commerciaux et financiers de tous les acteurs.
Fabienne Outar
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