
Plusieurs médias nationaux ont couvert le déplacement du controversé Ministre des transports Mr Lazhar Hani, qui avait effectué une visite de travail et d’inspection le 8 Août 2020 au port d’Alger, pour examiner les marchandises entreposées et si celles-ci comportaient des matières dangereuses ou explosives.
Cette sortie, programmée par le ce représentant du gouvernement, était censée permettre la vérification sur le terrain de la prise de mesures de prévention permettant d’éviter qu’une catastrophe, telle la meurtrière explosion des 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium du port de Beyrouth, ne survienne en Algérie.
Lazhar Hani au Port d’Alger 9/08/2020
A l’issue de cette visite, le controversé Ministre des transports avait déclaré que : « L’Algérie a été parmi les premiers pays à interdire la saisie ou le stockage de marchandises dangereuses au niveau des ports », avant de rajouter « Ce qui s’est passé au port de Beyrouth peut se produire dans n’importe quel autre port, d’où la nécessité de veiller à la stricte application des lois pour éviter pareilles catastrophes ».
Une réaction des pouvoirs publics qui aurait pu être louable et les propos rapportés apaisants pour les algérois, si ce Ministre de 72 ans, n’avait pas fait montre de superficialité dans la gestion populiste et sur médiatisée de cette importante initiative, qui se voulait rassurer les algérois quant à leur sécurité.
Certes, le Ministre s’est bien enquis devant les caméras de télévision des dispositions générales prises côté matériel, se contentant de poser un regard furtif aux quelques conteneurs posés ici et là et adresser quelques brèves questions au personnel du port, justifications cathodiques éculées des missions d’inspection de terrain propre à tous les responsables algériens.
Et même s’il a paru décontenancé devant les caissons de poudre de lait abandonnés depuis 10 ans dans les aires de stockage du port avec tous les risques sanitaires que cela représente, il ne s’est par contre nullement attardé sur un autre volet, bien plus important et urgent à inspecter : Les hommes de l’institution chargée de la protection du port des catastrophes et de la préservation des biens et des personnes conformément au code maritime et des réglementations portuaires : la Direction « Capitainerie du port ».
Rappelons que la Capitainerie est la résidence officielle des officiers de port qui sont des fonctionnaires d’État compétents en matière de police portuaire.
Direction de la Capitainerie Port d’Alger
Cette direction, qui existe dans tous les ports du monde, comporte deux corps spécialisés dans la préservation des biens publics et dans la prévention des catastrophes : les corps des Pilotes Maritimes et des Officiers de Port, en leur qualité de diplômés de l’Ecole Nationale Supérieure Maritime de Bou-Ismail.
Conformément aux procédures usuelles et aux dispositions des lois maritimes, le choix du responsable de cette institution se doit d’être porté sur un des cadres les plus compétents de cette Direction stratégique.
Car c’est à cette personne que sera dévolue la laborieuse mission de se charger de l’animation, de la coordination, de la surveillance et conservation des installations portuaires et de la gestion de cette direction dans ses aspects, techniques, juridiques et administratifs, tout en exerçant son pouvoir sur l’ensemble des travailleurs placés sous son autorité, en sa qualité de représentant de l’Autorité portuaire ou l’Autorité investie du pouvoir de Police Portuaire.
Or cette direction est quasiment paralysée depuis deux années tant sa gestion est menée de manière catastrophique depuis la nomination, en février 2018, d’une personne controversée à sa tête, en l’occurrence Mr Ziani Mabrouk Said, sans aucune formation ni aucune relation avec les missions dévolues à la charge de cette direction.
Mabrouk Ziani – Directeur capitainerie du Port d’Alger
Mr Ziani avait été recruté en 2001 en qualité d’Opérateur Radio, une tache qui ne requiert aucune connaissances ou diplômes particuliers ni même la rédaction de rapports ou de correspondances et qui se limite à la réception de télécommunications et à leur transfert aux responsables et autres services concernés.
Un poste qui lui permettait d’avoir assez de temps libre pour exercer un autre métier depuis plus de 10 ans, activité qu’il s’est bien évidemment gardé de déclarer à ses responsables hiérarchiques…
Mabrouk Ziani, possède deux locaux de commerce de viande l’un à Kouba et l’autre à Tessala el Merdja qui lui permettent d’écouler viandes, volailles et dérivés, dont une bonne partie, congelée, est importées dans les navires qui accostent… au port d’Alger.
C’est ce responsable de la Capitainerie du port d’Alger qui programme, dans le cadre ses attributions, la priorité d’entrée et de sortie de tous les navires, et particulièrement ceux chargés de sa marchandise de viande !
Une réussite dans les affaires qui lui aura permis de tisser des relations qui vont lui permettre , au début de l’année 2018, de bénéficier d’une belle promotion, obtenant cinq (05) grades à la fois, passant de « Chargé d’études » à « Directeur » … Inédit !
Une note d’intérim avait d’ailleurs préludé au catapultage de Ziani Mabrouk à la tête de la Capitainerie du port d’Alger. Du jamais vu !
Cela a permis au natif de Sétif de dépasser son supérieur hiérarchique de quatre grades et se retrouver ainsi bombardé, premier responsable de la structure chargée de la sécurité des infrastructures portuaires ! Un domaine qui, pourtant, il ne maîtrise aucunement…
« Ses lacunes sont telles qu’il est incapable de rédiger ses propres correspondances administratives, les déléguant à ses chefs de services, avant de les signer lui-même, heureusement, et de les envoyer aux services concernés » Nous indiquera notre source portuaire.
Pendant près de 20 années, Ziani Mabrouk aura donc réussi dans cette Algérie en déliquescence, à duper tout son environnement, prétextant être titulaire d’une licence… en Anglais académique, obtenue à l’université de la formation continue « UFC Alger Nord » de Bouzareah en Octobre 1994.
En 2018, année de son intronisation comme Directeur de la Capitainerie, Ziani Mabrouk décide de rejoindre l’Ecole Supérieure de Commerce à Koléa (ESC), qui pour rappel avait obtenu le statut de grande école par décret exécutif no 05-500 du 29 décembre 2005, et dont le but est d’assurer la formation de cadres hautement qualifiés !
Alors qu’il y poursuivait des études de Post-Graduation Spécialisée dans le domaine des sciences commerciales et financières, dont les spécialités assurées se déclinaient dans l’Audit interne et la comptabilité, l’administration de l’ESC de Koléa s’est rendu compte, en étudiant le dossier d’inscription de Ziani Mabrouk, de l’absence de son attestation de réussite au Baccalauréat !
Malgré les maintes réclamations émanant des services administratifs de l’ESC Koléa, Ziani Mabrouk n’a jamais pu produire originaux ou copies légalisées de l’attestation du baccalauréat, ni celle de l’attestation de l’UFC de Bouzareah… A ce jour, son dossier demeure en suspens.
Nous avons fait transmis un courrier électronique au Directeur de l’ESC Koléa en ce jour, pour nous enquérir de la situation administrative de Mabrouk Ziani, à l’heure ou nous publions notre article, aucune réponse ne nous est parvenue.
Comment se fait-il que Ziani Mabrouk ait pu arriver à la Direction de la Capitainerie du Port d’Alger sans aucun diplôme, et sans que quiconque au Ministère de Tutelle n’ait pris le soin de procéder aux vérifications d’usage quant aux conditions et qualifications nécessaires à ce poste sensible ?
Et pourtant, il aurait été aisé pour n’importe quel agent des ressources humaines sérieux, de remarquer que la photocopie de l’attestation provisoire de l’UFC produite n’était pas légalisée, comme il était d’usage en 2001, année de son recrutement où une telle pièce maîtresse du dossier aurait dû être obligatoirement certifiée à l’originale par l’APC.
De plus, personne n’a réellement remarqué que cette attestation, dont les données sont transcrites en trois écritures différentes, mentionnait trois Ministères différents. On y distingue le sceau de la tutelle à cette époque qui était le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique crée en avril 1994, ensuite on y trouve le sceau du Ministère aux Universités valable uniquement entre 1990 et 1992, et en entête on pourra y lire la mention du Ministère de l’Education Nationale qui était la tutelle de l’UFC entre 1992 et 1994… Étrange !
« Comme bien souvent, personne au sein du Ministère n’a réellement vérifié, les membres des gouvernements qui se sont succédé ont laissé faire, dans cette terre nourricière d’Algérie abandonnée à la dérive. Ils lui ont imposé de refouler ses diplômés et d’ouvrir grand les mains aux mafieux de tous genre… » Nous déclarera, amère, notre source.
Les premiers responsables de cette gabegie sont certainement les hautes autorités de l’Etat, qui ont permis à beaucoup de responsables, à l’instar d’un Lazhar Hani, de folkloriser la fonction gouvernementale avec leurs gesticulations inutiles, expression parfaite de leur incompétence. Ils sont ceux qui ont clochardisé notre Pays en le livrant, par funestes calculs ou par profonde ignorance, à plus incultes qu’eux.
Ils ont sciemment laissé proliférer dans ce magnifique Pays, des incapables qu’ils ont placé à la tête de directions stratégiques ou à des postes de responsabilités, marginalisant les compétences et les personnes diplômées, dans l’unique but de faire durer leurs privilèges et de continuer à siphonner l’argent public !
Mr Tebboune, pensez-vous vraiment que les Algériens sont rassurés quant à la prévention des risques d’explosions ou de naufrages de navires dans les ports algériens, alors qu’ils savent qu’entre les mains de ce régime le Pays coule ?
Pauvre Algérie…
Y.F.Cheikh
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