
Les élections présidentielles algériennes, imposées le 12 Décembre 2019 après plusieurs reports, sont largement rejetées par nos concitoyens de par le monde.
Cette légitime récusation, exprimée lors des grandioses manifestations populaires pacifiques depuis 9 mois, s’explique aisément par l’abandon et la méfiance des différents gouvernements du régime algérien vis-à-vis des Algériens, de naissance ou d’origine, formant la communauté algérienne de l’étranger. Et cela remonte à loin.
C’est en 1905 que l’on identifie le départ des premières vagues de migration algérienne à travers le recrutement massif opéré dans les raffineries et huileries de Marseille, dans les mines du Nord et du Pas-de-Calais, les industries de Clermont-Ferrand et de Paris ou encore l’embauche de dockers algériens sur les navires.
Dès 1913, lorsque le permis obligatoire de voyage en France est supprimé, le mouvement migratoire Algérien s’accéléra.
Sans oublier les 175 000 soldats algériens enrôlés dans le cadre de la Première Guerre mondiale.
Le mouvement se poursuit en 1920 et s’intensifie vers la fin de la Seconde Guerre mondiale dans le cadre de la reconstruction et de la relance économique de la France.
Entre 1954 et 1962, durant la guerre d’indépendance, l’émigration algérienne, au prix de grands sacrifices, participe au combat libérateur et à l’effort de guerre sous le contrôle de la Fédération de France du FLN. Au prix même de la vie de plusieurs dizaines d’entre eux, en ce funeste jour d’octobre 1961…
‘’Victimes d’une ghettoïsation assassine, d’un injuste discrimination ou d’un racisme ordinaire, les expatriés algériens ont souvent été, de part et d’autre, pillés, manipulés, avant d’être abandonnés’’ dira si justement un retraité des usines Renault.
Alors que durant la décennie noire, le flux migratoire est estimé avoir été multiplié par dix à cause de la guerre civile, c’est surtout durant ces vingt dernières années que la communauté algérienne à l’étranger s’est renforcée par l’exil de dizaines de milliers d’algériens fuyant un régime qui a failli à transformer l’Algérie en un Etat moderne, démocratique et juste.
L’éclatement de l’Amicale de l’Algérie en France, qui tant bien que mal cadrait les Algériens jusqu’aux années 1990, a précipité la diaspora algérienne dans un état précaire, abandonnée à son sort.
Les algériens se sont sentis, une fois encore, trahis par les promesses non tenues de constitution d’un Conseil Consultatif de l’Immigration, d’un secrétariat d’Etat supprimé après à peine une année d’existence, et de la modification de la constitution par Bouteflika, excluant les binationaux d’occuper des postes de responsabilités au sein du gouvernement.
Aujourd’hui, il nous est demandé à nouveau de participer à cette mascarade d’élection présidentielle, aussi insignifiante et qu’inopportune, pour choisir parmi cinq candidats qui auront majoritairement servi ce pouvoir suffisant et celui qui aura été finalement le plus mauvais des présidents algériens, Abdelaziz Bouteflika.
De nouveau à l’encontre de nos attentes et aspirations, de nos revendications et espoirs.
Pourquoi la communauté algérienne devrait-elle dès lors faire confiance à un régime qui l’aura, de tout temps utilisé uniquement pour se maintenir, avant de lui tourner le dos une fois son but atteint ?
Comment espérer le soutien des compétences algériennes à l’étranger alors que celles-ci se voient dessaisir de l’occasion de participer à l’édification de notre pays ?
Comment penserions-nous que les élections se tiendront dans des conditions transparentes, alors que l’on continuera à voter au sein des chancelleries, toutes acquises au Ministère des Affaires étrangères et au Ministère de la Défense Nationale ?
Les algériens, dans leur grande majorité, veulent mettre un terme à ce régime, en finir avec l’injustice, voir libérés les détenus d’opinions, mais surtout participer à la reconstruction du pays en mettant en place les conditions nécessaires à l’édification d’une République démocratique, d’institutions solides et indépendantes, adaptées aux aspirations du peuple algérien sans distinction et sans le mépris de cette odieuse discrimination constitutionnelle dont fait l’objet la diaspora.
L’idée de l’initiative pour une instance politique nationale de transition est la seule perspective viable.
C’est bien pour cela que la majorité écrasante des algériens vivants à l’étranger n’ira pas voter !
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