Contribution – DE LA PITEUSE AGONIE DU REGIME DE L’ARBITRAIRE.

Nous avons reçu ce texte de la fille du Commandant Azeddine et que nous reproduisons intégralement.

 

 »Comment les autorités algériennes aux abois, aveuglées par leur fuite en avant, obsédées par la survie des derniers acteurs de la révolution, peuvent-elles pousser l’arbitraire jusqu’à ordonner la condamnation du Commandant Azzedine à la prison ferme par un tribunal à leurs bottes ? Savent-elles, dans leurs misérables conspirations, l’indéfectible force intérieure, dans les grands et petits combats, de cet homme, qui leur lance à la figure : « Vous voulez me faire taire, mais je ne me tairai jamais » ? « Il ne faut surtout pas qu’ils croient pouvoir se débarrasser de nous parce que nos cheveux ont blanchi » (Tahar Djaout, Les Vigiles). Comment ce peuple orgueilleux, glorieux de sa résistance aux empires invincibles, peut-il accepter cette honte de la honte, un gouvernement sans honneur jetant en pâture aux chiens l’honneur d’un authentique héros ? « Car, comme vous le savez tous, la loi n’a jamais défendu les causes justes : elle n’a, en fait, rien à voir avec la justice ou la vérité » (Tahar Djaout, Les Vigiles). Ce juge de l’improbité téléguidée « ne voit pas combien est fragile la ligne entre la faute prétendue et le justicier vendu. S’il cessait un instant d’être bercé par la fausse sécurité du code, si, le bref instant d’un lapsus, il remplaçait, pour une fois, par sa conscience la loi qui lui tient, à bon compte, d’alibi, il reculerait d’effroi en découvrant que la société qu’il défend pourrait ne devoir son pardon qu’au condamné » (Mouloud Mammeri, Le Sommeil du juste).

 Que dire de l’impuissance d’un cabinet de pachas qui décide ses flagrantes injustices par inavouables ordonnances ? « Il n’est pas facile dans ce pays, d’être administrateur. Il faut faire montre d’une grande souplesse d’échine, de beaucoup d’obséquiosité, d’une totale absence d’idées personnelles de manière à garder à ses neurones toute disponibilité pour accueillir celles du chef » (Rachid Mimouni, Le Fleuve détourné). Qu’une gouvernance, pour satisfaire l’insatiable cupidité de ses serviteurs, en arrive à expulser de son logement, à l’âge de quatre-vingt-dix-huit ans, Maître Ali Yahia Abdennour, incorruptible défenseur des droits humains, n’est-ce pas porter l’officielle indignité au niveau de l’innommable ?  « La respiration de l’Algérie suffisait. Suffisait à chasser les mouches. Puis l’Algérie elle-même est devenue… Devenue traîtreusement une mouche » (Kateb Yassin, Nedjma). Que dire d’une société en déliquescence où les preuves se falsifient et se dénaturent, où les écrivains, les artistes, les journalistes s’enlèvent et se torturent, où les médecins, les professeurs, les étudiants, se bastonnent et se capturent ?

 Que dire de cet immense territoire où les libertés individuelles et publiques sont partout malmenées par des sélections discriminatoires, des réquisitions usurpatoires, des dénonciations diffamatoires, des interpellations vexatoires, des arrestations aléatoires, des persécutions expurgatoires ? Que dire d’une répression convulsive qui sanctionne les réunions et les manifestations pacifiques de rafles massives ? Que dire d’une capitale perpétuellement assiégée de l’intérieur, où se prohibent la moindre marche protestataire, où l’anodine promenade court le risque d’un engrenage paramilitaire ? Quand la machine bureaucratique dans son ensemble se détraque, ne demeurent pour lui donner un semblant d’existence que les coups de matraque. Les procès iniques contre le journaliste Saïd Chitour, le blogueur Mergoug Touati, les avocats Noureddine Ahmine et Salah Dabouz, ne sont-ils pas, pour avoir été médiatisés, que les éclats visibles des dérives incohérentes, des exactions récurrentes, des bavures permanentes, qui terrorisent les campagnes et les villes ? Comble des abus judiciaires, des internautes ne sont-ils pas poursuivis pour d’inoffensives communications sur réseaux sociaux ? N’est-ce pas libre parole qu’impitoyable censure entend interdire ? La belle littérature elle-même se jardine dans la crainte des fourches caudines.

 Que dire d’une oligarchie sans scrupules qui traite les réfugiés en bloc de vermines en cavale et refoule les migrants sur profilage ethnique ?  Que dire de cette autocratie, sans cesse menacée par sa propre potence, où s’amalgament incompétence et prépotence ? Que dire du devenir d’une nation jeune et mille fois meurtrie, ruinée par une ploutocratie d’obscurantisme pétrie, quand sa jeunesse en désespérance dégorge, dans le même élan de révolte, ses fariboles et ses symboles ? « Le sang a trop parlé. Les vautours ne suffisent plus à l’hygiène macabre. Et la terre engraissée réclame de nouveaux labours » (Kateb Yassin, Le Cercle des représailles). Triste mascarade depuis l’indépendance. Qu’as-tu fait, citoyen, de toutes ces décennies perdues ? « Et pourtant, ce qui se passe autour de toi aurait dû te guérir de la comédie. Il y a tant de sang, tant de souffrance, tant de morts. Mais non. Le sang, tu crois que c’est de la teinture.  Les morts étalées par dizaines dans ton journal chaque matin, tu attends qu’ils se lèvent après la représentation. Et pour un peu, tu irais les féliciter après la pièce dans les coulisses… » (Mouloud Mammeri, L’Opium et le bâton). Réveille-toi, citoyen, de ton interminable somnolence, sort de ton silence, retrouve ta bravoure et ton insolence, libère-toi de cette pestilence…

Fifi Hadjouti

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