
Nous poursuivons nos enquêtes autour de l’Entreprise Nationale de la Navigation Aérienne (ENNA), qui continue de nous surprendre par les risques liés à des décisions surprenantes de la part des responsables de l’entreprise.
Nous avons pu obtenir une copie de la lettre adressée par un ancien cadre de l’ENNA au Secrétaire général l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) Mr Fang Liu et au Secrétaire général de l’Agence Européenne de la Sécurité Aérienne (EASA) Mr Patrick Ky.
Dans cette lettre envoyée à deux ministres des transports, l’actuel Mr Zaalane et le précédent Mr Talai, l’auteur de la lettre demande de dépêcher une commission d’enquête à l’ENNA sur des faits qui risquent de compromettre la gestion et le contrôle de l’espace aérien au niveau du Centre de Contrôle Régional (CCR) sis à Oued Smar. Cette initiative est restée malheureusement vaine puisqu’aucune suite n’a été donnée.
Dans cette lettre l’auteur indique : ”qu’au-delà d’une réalité amère et douloureuse, c’est toute une logique qui ne veut à aucun moment obéir à une charte établie par des instances internationales et dont le but est de ménager la valeur humaine, à jamais au-dessus de toute complaisance hasardeuse, car les vies humaines doivent être impérativement préservées, car en tout état de cause l’impunité a pris une ampleur sans précédent et l’histoire contemporaine retiendra un jour les dérives de management de l’ENNA.’’
”Il est tout à fait clair que les risques concernant les vies humaine, mettra à nue l’arrogance et l’incompétence de ceux qui sont à la tête de l’entreprise, où l’opacité et la mauvaise gestion sont devenus monnaie courante’’
En date du 23/12/2003, le Président de la République en l’occurrence Mr Abdelaziz BOUTEFLIKA a procédé à l’inauguration du complexe de la navigation aérienne sis à Oued Smar que venait d’acquérir l’ENNA.
Des équipements neufs dotés d’une technologie de pointe, hautement évoluée, permettaient ainsi une parfaite maitrise de la gestion et du contrôle de l’espace aérien au travers de stations HF numériques 1Kw, d’émetteurs-récepteurs VHF numériques (Antenne Avancée), de stations VSAT bande C et bande Ku, l’automatisation du plan de vol et le radar primaire et secondaire.
L’ENNA avait alors fait un grand pas vers la modernisation de toutes ses structures aéronautiques, répondant ainsi aux exigences imposées par l’OACI (Projet TRAFCA).
Intégré à ces stations, existe certainement l’équipement le plus important et le plus vital de la navigation aérienne, il s’agit du Voice Communication Control System (VCCS). Important, car un dysfonctionnement de ce système provoquerait systématiquement une rupture totale de toutes les communications radiophoniques et téléphoniques reliant les aiguilleurs du ciel aux aéronefs avec pour conséquence une absence de sécurisation de l’espace aérien exposant les avions à des situations extrêmement dangereuses, voire catastrophiques.
Le VCCS est un système électro-informatisé qui prend en charge toutes les communications reliant le CCR et les aéronefs, entre le CCR et toutes les tours de contrôles nationales, entre le CCR et les centres de gestions étrangers, ces communications seront ensuite analysées, numérisées, synchronisées et enfin dispatchées vers toutes les positions de contrôles au niveau du CCR. Le contrôleur aérien ne peut compter réellement que sur le VCCS, car c’est le seul et unique équipement qui le relie directement avec le pilote.
Ce système nécessite au préalable une formation de qualification et cela en vertu à la convention relative à l’aviation civile internationale OACI annexe 1 et 10 qui regroupe les normes et les pratiques recommandées qui régissent la délivrance des licences aux membres du personnel technique de la maintenance.
Par conséquent la formation et la licence de qualification sont les deux éléments critiques qui, ensemble, garantissent la compétence générale du personnel technique.
La licence de qualification est une certification approuvée et délivrée par la direction générale, qui constitue l’authenticité des compétences professionnelles du personnel de la maintenance.
Une filière technique livrée à elle-même.
Malheureusement, il se trouve que le personnel technique exerçant sur le VCCS, à la Direction de l’Exploitation et de la Navigation Aérienne (DENA) et au niveau de l’aéroport d’Alger, ne détient aucune licence de qualification depuis 2003, date d’inauguration du complexe…
Pire encore il n’y eu aucune formation de qualification sur certains équipements qui régissent l’espace aérien de toute l’Algérie à l’instar la HF 1Kw et la VHF Nardeux et PAE (TMA d’Alger 127.3 Mhz).
Il est également important d’ajouter à cela l’absence totale de maintenance des équipements et le grave problème posé par la non couverture du territoire national par la HF (les trois stations 1Kw sont malheureusement hors services) depuis une trop longue période…
Le pire a été évité à plusieurs reprises, et cela suite au dysfonctionnement du système VCCS, paralysant ainsi le CCR et l’espace aérien, l’incident de 2014 restera à jamais gravé dans la mémoire des aiguilleurs du ciel.
Le personnel de la maintenance continue toujours à subir les aléas et les désagréments causés par la fuite en avant des responsables, plusieurs correspondances ont été transmises à la Direction Générale et la Direction d’Exploitation pour une prise en charge adéquate du personnel technique au niveau du Centre de Qualification, de Recyclage et d’Expérimentation de la Navigation Aérienne (CQRENA) sis à Oued Smar, mais en vain, la direction ne prêtant aucune attention aux appels de ses propres employés.
”Le technicien et le contrôleur, qui font partie de la même famille, ne peuvent se passer de l’autre, on ne doit pas fermer les yeux sur les mauvaises décisions qui feront peser des sur nos consciences des pertes humaines’’ Nous informe notre source.
Quel que soit l’évolution de la technologie de pointe, le système VCCS restera à jamais l’équipement le plus important et le plus vital aux yeux des contrôleurs, car c’est le seul et unique lien direct avec les aéronefs, les responsables doivent savoir que la gestion et le contrôle de l’espace aérien sont strictement régis par une organisation internationale (OACI) qui ne badine pas avec la réglementation.
Malheureusement c’est toute la crédibilité de l’Algérie qui est prise en otage par des responsables qui ne jouissent ni la compétence ni d’une conscience envers des vies humaines.
Devrons nous compter des morts avant que la situation ne change ?
”Le Ministre ne peut rester sans réagir, même le secrétaire général de l’OACI et de l’EASA sont informés’’ rajoute notre source dans son article.
Nous attendons une réaction ferme des autorités et reviendrons très vite avec de nouvelles révélations.
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