Exclusif. Népotisme, mauvaise gestion et pratiques occultes : enquête sur le Fonds National d’Investissement (FNI)

La Banque Algérienne de Développement (ex Caisse Algérienne de Développement) a été créée le 7 Mai 1963 par la Loi N° 63.165 du même jour. Sa mission principale était de participer au financement des investissements dont l’objectif était le développement économique de l’Algérie.

Entre 1963 et 1994, l’activité de la BAD était caractérisée par l’intervention directe de l’Etat dans le financement du développement économique public. L’année 1995 constitue une année charnière dans l’évolution de la BAD, Elle marque la fin de l’intervention de la banque dans le financement du secteur productif sur ressources budgétaires, d’où la nécessité fondamentale de restructuration de la banque après le désengagement du Trésor public.

Depuis 1999, la Banque a inscrit ses actions dans une perspective de restructuration et de son intégration dans le système bancaire national. Durant cette période elle verra son activité globale se détériorer à cause d’un management incompétent et d’une politique inadaptée aux évolutions modernes.

L’Ordonnance N° 09-01 du 29 Rajab 1430, correspondant au 22 Juillet 2009, portant Loi de Finances Complémentaires pour 2009 en ses articles 55 et 56, complété par l’Article n° 37 de l’ordonnance N°11- 40 portant loi de finances complémentaire pour 2011, modifie la dénomination de Fonds National d’Investissement Banque Algérienne de Développement (FNI-BAD) en Fonds National d’Investissement (FNI).

Le FNI : un vœu pieu ?

Karim DJOUDI, alors Ministre des Finances, voulait doter l’Algérie d’un fonds stratégique semblable à celui de la Corée du Sud, il avait même initié la mise en place d’une mission regroupant plusieurs cadres du FNI, devant se déplacer dans ce pays qui faisait office d’exemple parmi les quatre dragons asiatiques.

Huit ans après, le FNI n’a pas décollé, il reste moribond dans le paysage financier algérien, loin de l’outil moderne de financement des investissements espéré. Comme nous l’avions esquissé dans une de nos publications, le FNI, aujourd’hui se distingue par une opacité sur les comptes qui soulève de sérieuses questions et une léthargie suspecte face aux dérives de DJEZZY, ou d’AXA sur laquelle nous reviendrons dans une prochaine édition.

Ce que nous avons également découvert lors de notre enquête, est une pratique courante de népotisme et de favoritisme aussi illégales qu’immorales, qui expliquerait en partie, pourquoi ce fonds d’investissement est actuellement incapable de constituer le fer de lance des investissements stratégiques de notre pays.

Comme l’avait déclaré Ahmed DJOGHLAF : ‘’ Le FNI est un actionnaire endormi dans des investissements, Axa, Djezzy, Renault Algérie, qui affichent des résultats négatifs pour certains depuis les années 2014-2015. Le portefeuille des actifs aurait été plus utile à la balance des devises algériennes en 2016 si, dans la foulée, le FNI, – pas celui-là – mais un vrai fonds avec de vrais managers de fonds, avait ajouté un peu de papier Peugeot (décoté en 2012), des raffineries en perte de marché dans le sud de l’Europe, ou encore un ou deux acteurs du solaire en difficulté en Espagne et en Allemagne’’

Nour MEDDAHI, économiste, professeur d’économétrie et finances à la Toulouse School of Economics affirmait il y a quelques jours ‘’ Nous ne connaissons pas la composition du portefeuille du FNI mais clairement il n’y aucune raison à ce que le FNI garde sa participation dans le groupe Djezzy. Il devrait vendre ses actions à travers la Bourse’’

‘’L’erreur commise par Karim DJOUDI, est d’avoir laissé ce projet ambitieux et vital entre les mains de l’équipe dirigeante de l’ex BAD, qui, il faut le rappeler, a été pleinement responsable de l’impasse dans laquelle s’était déjà retrouvée la banque à la fin 2008 ‘’ nous affirment des sources internes au FNI.

Les mêmes sources nous ont fait part que les mêmes maux et pratiques scandaleuses de la BAD ont été reconduits.

La primauté des intérêts personnels.

Le secrétaire général du FNI, Mr Kamal ABIDINE âgé de 70 ans et 6 mois a été recruté en 1973 en qualité de simple agent, son activisme, au sein de la cellule FLN de la BAD, lui aurait servi de tremplin pour durer plus de 44 années au sein du FNI, dépassant ainsi son âge de retraite de 10 années !

Mr ABIDINE avait, pourtant, été suspendu pour insuffisances professionnelles, au milieu des années 90, par le DG Mr KHERKHEBANE. C’est à un ancien militaire, Mr BOURAHLI, conseiller du DG qu’il doit sa réintégration au poste de Directeur Central des financements extérieurs. En contrepartie, Mr ABIDINE accepte de recruter dans sa direction un proche du conseiller… Au fil des années, Mr ABIDINE assoit son autorité, selon les mêmes sources, en s’entourant de personnes qui se soumettent à sa volonté, rien ne se fera désormais sans son accord.

Il aurait réussi à placer sa fille au sein de l’assureur AXA, le FNI en est actionnaire à hauteur de 30%… Comme il se serait octroyé un prêt équivalent à 24 mois de salaires, soit près de 5 Millions de DA, en violation des procédures en cours au sein du FNI !

C’est une pratique courante au FNI, et le DG Mr Ahcène HADDAD ne dérogera pas à la règle. Arrivé à la fin de l’année 2010 à la tête du FNI, alors qu’il était chargé de synthèse auprès du Ministre des Finances Mr Karim DJOUDI, il placera naturellement son fils NADJIB à la Banque d’Algérie…

Il intervient personnellement pour que l’ETRHB soit ‘’réglée’’ en priorité au niveau de la Direction des Equipements Publiques ! Mr Ahcène HADDAD, installé à la résidence d’Etat du Club des Pins, sait également s’entourer en recrutant les enfants de personnes susceptibles de l’aider à durer au-delà de l’âge légal de retraite.

Ainsi, le Directeur du personnel du FNI ne serait rien d’autre qu’un très proche parent du chef de cabinet de la Ministre Imène Houda FERAOUN. Il a été également derrière le recrutement, en tant que chargé d’études, du fils de Mr BENALI, un commissaire aux comptes qui opérait une mission de contrôle au niveau du FNI…

Le fils d’un de ses conseillers, en l’occurrence Mr BOUKHALFA a également été imposé à la Direction des Finances et de la Comptabilité alors qu’il ne disposait d’aucun diplôme…

Mohand RABIE, a été recruté en 1992 en tant qu’agent d’exécution, il est aujourd’hui attaché à la Direction Générale du FNI, avant de partir en retraite puis à nouveau rappelé, il fait recruter son neveu grâce à Mr Ahcène HADDAD…

La liste est bien longue, nous pourrions citer, les enfants de Mr KERRA et Mr MEFTALI, ex président et vice-président du syndicat, Mrs BOUABDI, OUABADI, BERRAZOUANE, HASSIB, LAHRACHE, TALEM Rabah, tous apparentés à des membres des Ministères de la JUSTICE, ou des FINANCES tels Mr GUECHTOULI, et pour la plupart recrutés grâce ou à travers la Directrice du Personnel Mme MOUCEUR. Nous y reviendrons prochainement avec plus de détails dans nos prochaines éditions.

‘’Avant l’arrivée de Mr HADDAD, les promotions répondaient à des critères établis et des procédures claires, mais depuis, toute la réglementation est piétinée par le Directeur Général lui-même. Il interprète à sa manière l’article 18 des statuts !’’, nous informent nos sources.

Les statuts du FNI précisent, dans les points 4 et 5 de l’article cité, que le Président Directeur Général nomme et révoque le personnel dans le cadre du statut. Il soumet à intervalles réguliers au conseil de direction, un état des engagements en cours et fait périodiquement un rapport au Ministre des Finances sur l’application de la politique de la banque.

D’autre part, l’Article 26 des statuts du FNI, impose au fonds de dresser annuellement un rapport d’activité qui sera joint au rapport de présentation du budget d’équipement. Or sur le site du FNI, les rapports s’arrêtent à l’année 2014 et ce sur ordre du secrétaire général Mr ABIDINE en violation des statuts et sans que le Ministre des Finances, Mr RAOUYA ne s’en offusque…

Mr Ahcène HADDAD est-il couvert en tant qu’ancien collègue au Ministère des Finances ?

La Direction des Finances et Comptabilité du FNI est un service sensible que Mr HADDAD a délaissé sciemment, repoussant la modernisation des services comptables et s’assurant que le recrutement au sein de cette Direction ne concerne qu’un personnel peu qualifié, se contentant d’exécuter ses ordres.

Cela explique pourquoi aucun exercice comptable n’a été finalisé dans les délais et agrée en première lecture au niveau du Conseil d’Administration…

Le FNI ne communique plus, parce que le personnel en charge de cette mission n’a pas l’envergure de la fonction, et cela sied à la Direction afin d’éloigner tout contrôle rigoureux à même de dévoiler les entorses à la réglementation et à la loi, dont ils sont les auteurs.

Ahcène HADDAD, l’inamovible Directeur Général du FNI est également membre permanent du conseil d’administration de la BACE ne doit-il pas rendre des comptes pour son silence sur l’utilisation de la banque pour transférer des fonds dans une affaire de corruption et de blanchiment alors que la BACE a pris un engagement ferme vis-à-vis de la loi Algérienne ?

La manipulation du syndicat

Enfin, lors de l’installation de la toute nouvelle section syndicale il y a quelques jours, de nouvelles violations de la réglementation ont été enregistrées. Il a été, en effet, noté la présence de Mrs BENCHATER et BENHALLA, respectivement chef de département à la Direction de l’Equipement Public et chef de service à la Direction Régionale d’Alger, ces deux personnes n’ont pourtant ni le statut d’élu ou d’ex élu pour assister à l’installation du nouveau staff du syndicat.

D’autre part, Mr Tayeb EZRAYMI, ayant a assuré la présidence de l’ATE par intérim pendant plus d’1 année, se serait vu désigné comme responsable des œuvres sociales de la nouvelle section syndicale sur Procès-Verbal d’installation, sans même avoir été élu.

Et ce sur insistance du Responsable fédéral de l’UGTA, M.ZOUBIRI, nous dit-on, en flagrante violation de la réglementation ! Nos sources nous ont affirmé que : ‘’ c’est parce que M.Tayeb EZRAYMI a manipulé les fonds des œuvres sociales ; en le reconduisant au sein du syndicat, on lui évite des problèmes et en contrepartie lui aussi s’abstient de divulguer des informations qui peuvent mettre en péril la Direction Générale’’

Le syndicat garde ainsi une main sur la gestion opaque de cette manne que sont les œuvres sociales, dans le prolongement des pratiques obscures instaurées par l’équipe dirigeante du FNI. Nous avons tenté d’appeler, pour avoir les explications de Mr HADDAD, Mr ABIDINE et Mr LARABI le Directeur Central de l’Audit au niveau de la Direction Générale, en vain.

A quoi sert ce FNI ?

Autant sur les chiffres que sur les pratiques, le FNI inquiète. Les chiffres catastrophiques de Djezzy n’ont pas donné lieu à un quelconque commentaire ou une enquête initiée par l’actionnaire principal, qui voit pourtant, chaque trimestre, l’opérateur de téléphonie mobile ou il est actionnaire à 51%, s’éloigner des critères d’éligibilité économiques de placements.

Comme il ne se penche pas sur les transferts à l’étranger opérés par AXA, ou il détient 30% directement et 5% à travers sa filiale COSIDER, des transferts attribués aux actes de réassurance chez une filiale… d’AXA et qui pourraient constituer des transferts de dividendes.

Il ne s’inquiète pas non plus que le modèle Symbol made in Bladi, produit par RENAULT Algérie, ou il est actionnaire à hauteur de 17%, soit plus chère que le même modèle importé.

Alors finalement, L’ABEF, L’IGF, Le Ministère des Finances et le Chef du Gouvernement vont-ils encore rester spectateurs de cette autodestruction programmée et laisser ce Fonds n’être qu’un médiocre alibi à un projet aussi ambitieux que le développement économique de l’Algérie ? Affaire à suivre…

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