
Il est méconnu du grand public. Et pourtant, il est le véritable roi du café algérien. Malik Ait Lamara importe chaque année à travers sa société le Comptoir Nord Africain de L’Agro Alimentaire (Conaagral) plus de 24 mille tonnes de café par an. Malik Ait Lamara est le plus gros importateur de café en Algérie.
Activant dans l’importation de café depuis les années 90, le patron de CONAAGRAL s’est taillé un empire en Algérie. Une véritable fortune qui lui permet de disposer d’un incontournable réseau d’influence. Et en dépit de toutes les nouvelles réglementations imposées par la Banque d’Algérie pour restreindre les importations, cet importateur continue de prospérer de manière très étonnante. Quel est son secret ?
En vérité, Malik Ait Lamara est un client très bien choyé par la Housing Bank Algérie au point… de lui permettre de ne pas se soumettre à la nouvelle réglementation de la Banque d’Algérie entrée en vigueur depuis le 20 octobre 2017.
Il faut savoir que dans notre pays, depuis le 21 octobre 2017, de nouvelles règles fixent les conditions dans lesquelles les banques algériennes, privées ou publiques, doivent débloquer des crédits documentaires ou des remises documentaires aux importateurs de ces biens destinés à la revente en l’état.
La Banque d’Algérie a imposé comme obligation aux banques de réclamer aux importateurs une provision financière préalable, couvrant 120% du montant de l’importation, au moment de la domiciliation, devant intervenir au moins 30 jours avant l’expédition des marchandises.
Cette provision est à constituer auprès de la banque domiciliataire sous forme de dépôts et/ou par affectation sur les lignes de crédit dûment ouvertes, par les banques, au profit de leur clientèle.
Seuls les importateurs de produits finis servant d’intrants dans la production nationale ne sont pas soumis aux nouvelles dispositions très strictes édictées récemment par la Banque d’Algérie.
Cependant, le sieur Malik Ait Lamara n’est pas du tout traité comme un importateur comme les autres par la Housing Bank Algérie. Par enchantement, le patron de CONAAGRAL est qualifié par les services de la Housing Bank Algérie comme un “importateur d’intrants” pour la production nationale ! Pour jouir de ce statut, il suffit à Malik Ait Lamara de signer au profit de sa banque un engagement où il déclare que le café importé depuis la Côte d’Ivoire ou le Vietnam sert à fournir des producteurs locaux, des torréfacteurs.
Avec cet engagement dérisoire, la Housing Bank Algérie épargne au roi du café algérien de passer par les 120 % de provision, un montant en dinars qu’il doit bloquer dans un compte bancaire, le délai de 30 % et lui permet ainsi de domicilier avec une facilité déconcertante son opération d’importation financée ainsi par les devises qui proviennent des caisses de l’Algérie. Mais qu’advient-il de ce café importé depuis l’étranger ? Il finit tout bonnement dans les hangars du patron de CONAAGRAL dans la localité de Semmar pour qu’il soit revendu ensuite à tous les grossistes du pays.
Oui, le café de Malik Ait Lamara n’est du tout “un intrant” de production. Le café n’est pas une matière première qui constitue un élément indispensable à une industrie précise. Mais à la Housing Bank Algérie, les dirigeants ont une autre définition de la production industrielle. Ceci dit, transformer une opération d’importation des produits destinés à la revente en l’état en une importation d’intrants de production est un délit et une violation des règles de la Banque d’Algérie.
Malheureusement, personne ne se soucie de cette dérive. Le roi du café continue de s’enrichir au point de racheter un hôtel à Paris. Et les devises de l’Algérie sont jetés par les fenêtres sans aucun contrôle rigoureux. C’est un véritable scandale…
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