
C’est une véritable hécatombe. Le crash de l’avion militaire à Beni Mered, tout près de l’aéroport militaire de Boufarik, a fait au moins 257 morts, a-t-on appris de sources officielles .
Nous avons appris que le Ministère de la Défense Nationale a confirmé officiellement ce premier bilan.
Dans un communiqué rendu public il y a de cela quelques minutes, cette institution a fait savoir que “le nombre des martyrs à déplorer s’élève à (247) passagers et dix (10) membres de l’équipage, dont la plupart sont des personnels de l’Armée Nationale Populaire ainsi que des membres de leurs familles”.
Il y a donc des civils parmi les victimes de ce crash. Le ministère de la Défense nationale n’a pas fait état d’éventuels survivants. Le ministère de la Défense n’a pas maqué de souligner enfin que “l’opération d’évacuation des dépouilles des victimes vers l’Hôpital Central de l’Armée à Ain Naâdja se poursuit afin de les identifier”. “Plus amples détails qui entourent cet incident seront communiqués ultérieurement”, indique en dernier lieu la même source.
En l’espace de quelques années, plusieurs avions militaires se sont crashé en Algérie. Une succession d’accidents qui soulève de nombreuses interrogations qui sèment une véritable frayeur au sein de la population.
Décompte des derniers événements tragiques.
Le 27 janvier 2010, deux officiers de l’aviation militaire sont morts, jeudi aux environs de 10h30, à la suite du crash d’un avion survenu aux frontières des wilayas de Mascara et Sidi Bel Abbés.
Le 10 novembre 2012, un avion de transport de fret militaire algérien avec six personnes à bord s’est écrasé en Lozère, dans le sud de la France. Quatre corps sans vie ont été retrouvés. L’appareil transportait six personnes, cinq militaires et un représentant de la Banque d’Algérie.
Le 10 décembre 2012, deux avions militaires s’étaient percutés en plein vol lors d’un entraînement à Tlemcen, dans l’extrême ouest algérien. Les deux pilotes sont morts lors de cet accident.
Le 11 février 2014, une véritable tragédie est causée par le crash d’un avion militaire à Oum El-Bouaghi. L’avion militaire de l’armée algérienne, transportant 103 personnes, avait pris départ de Tamanrasset à destination de l’aéroport de Constantine. Ce crash a fait “77 victimes, comprenant 73 militaires et 04 femmes dont l’épouse et la fille de l’adjoint au commandant de la 6ème Région militaire”.
En octobre 2014, un avion de l’armée de l’air algérienne s’est écrasé dans le sud du pays lors d’un entraînement, tuant les deux militaires qui étaient à bord
Le 11 octobre 2014, c’est un avion bombardier de type Soukhoï des Forces aériennes algériennes qui s’est écrasé à Djelfa, à 300 Km de la capitale Alger. Le crash s’est produit à 15 H 09 lors « d’un exercice d’entraînement au niveau du Polygone central de l’Air à Hassi Bahbah/1ère Région militaire ».
En mars 2016, douze militaires ont été tués et deux autres blessés dimanche dans le crash d’un hélicoptère de l’armée survenu dans le sud de l’Algérie en raison d’une «panne technique». L’hélicoptère de transport de troupes de type Mi-171 des forces aériennes algériennes s’est écrasé lors d’une mission de reconnaissance près de Reggane, dans la région d’Adrar à 1400 km au sud d’Alger.
Cette série de crashs et d’accidents tragiques au cours desquels des pertes en vies humaines ont été déplorées relance plus que jamais le débat sur l’état de vétusté des avions utilisés par l’armée algérienne.
Elle soulève également des inquiétudes légitimes sur la capacité d’assurer la maintenance de tous les appareils militaires qui volent dans le ciel algérien.
Vladimir Poutine a adressé un message de condoléances au président Bouteflika à la suite du crash de Blida, a annoncé le service de presse du Kremlin cité par l’agence Sputnik. “Le Président russe Vladimir Poutine a envoyé un message de condoléances au Président algérien Abdelaziz Bouteflika en raison des nombreuses victimes dans le crash d’un avion de transport militaire près de l’aéroport de Boufarik”, a indiqué le service de presse.
Le président Abdelaziz Bouteflika a eu mercredi un entretien téléphonique avec son homologue tunisien, Bedji Caïd Essebsi, qui lui a présenté ses condoléances ainsi que celles du peuple et du gouvernement tunisiens à la suite du tragique crash d’avion militaire survenu dans la matinée à Boufarik (Blida), saisissant cette occasion pour réitérer la “solidarité constante de la Tunisie avec l’Algérie”.
Le président de la République s’est également entretenu avec M. Rached El Ghennouchi, président du mouvement tunisien Ennahda, qui lui a présenté ses condoléances à la suite de l’accident de l’avion militaire à Boufarik.
Au nom du peuple américain, l’ambassade des États-Unis a adressé “ses plus sincères condoléances aux familles et amis des victimes de la tragédie d’aujourd’hui, ainsi qu’à nos partenaires et collègues de l’armée algérienne”, affirme le communiqué de l’ambassade des Etats-Unis. “Les États-Unis apprécient profondément le partenariat continu avec le peuple et le gouvernement algériens. Nous sommes avec vous dans votre peine”, assure la même source.
La France a présente aussi ses condoléances aux familles des victimes algériennes. “Suite à l’accident d’un avion de transport militaire algérien qui s’est écrasé près de la base aérienne de Boufarik, la France exprime ses plus sincères condoléances aux familles des victimes ainsi qu’aux autorités algériennes. Elle les assure de sa solidarité et de sa sympathie”, a déclaré enfin la porte-parole du Quai d’Orsay.
Le flou demeure total, mais la chronologie des événements ayant conduit au crash de l’avion militaire tout près de l’aéroport de Boufarik nous fournit les toutes premières indications. De prime abord, plusieurs sources ont confirmé qu’au moment du décollage, l’un des moteurs de l’avion transportant plus de 257 personnes a pris feu.
“C’est une information qui nous a été confirmée par de nombreux témoins oculaires. Il s’agit donc d’un décrochage qui a conduit, par la suite, au crash”, révèle le Pilote de ligne, expert judiciaire et enquêteur sur les accidents et incidents aériens, Benzerroug Mohamed Redouane.
Selon notre interlocuteur, pour le moment le décrochage de cet avion de ligne en raison d’une panne technique encore indéterminée est l’hypothèse la plus plausible pour expliquer ce terrifiant crash qui a fait pas moins de 257 morts, l’accident aérien le plus douloureux de toute histoire de l’Algérie.
Mais en quoi consiste le phénomène de décrochage ? Il faut savoir qu’en conditions de vols classiques, des filets d’air circulent autour de l’aile et en épousent la forme. Toutefois, à trop forte incidence, les filets d’air ne recollent plus au profil de l’aile. La portance de l’avion diminue. Il tombe ou continue sa trajectoire du fait de sa seule inertie et peut s’écraser. A l’opposé, à haute vitesse, des filets d’air peuvent atteindre la vitesse du son. Ce phénomène crée une onde de choc qui peut provoquer une perte de contrôle de l’avion.
Dans le cas du crash de l’avion militaire à Boufarik, il est encore tôt pour tenter de déterminer les circonstances exactes dans lesquelles le décrochage survint, explique Benzerroug Mohamed Redouane.
Ce dernier met en garde contre les spéculations diffusées sur internet pour expliquer l’origine du feu qui s’est emparé de l’un des moteurs de l’avion. “Il faudra attendre au moins 10 jours pour qu’un premier rapport préliminaire de l’enquête soit élaboré et délivré”, a-t-il prévenu.
Cependant, tout le processus de cette enquête va prendre près d’une année de travail en raison des spécificités complexes du secteur aérien. Mais peut-on d’ores et déjà incriminer l’avion russe de type un Iliouchine I76 qui assurait le vol Boufarik-Tindouf-Béchar ? Cet avion était-il vétuste et manquait-il d’entretien ? “Il est encore très tôt pour répondre à ces questions”, estime notre expert judiciaire et enquêteur sur les accidents et incidents aériens. “L’avion était en exploitation depuis des années par l’armée. On ne peut pas dire qu’il est défaillant. Mais il y a toute une série de facteurs techniques qui peuvent expliquer ce crash. Il faudra vraiment patienter le temps de l’enquête”, conclut-t-il enfin.
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