Abdelkader Tayeb-Ezzraïmi : milliardaire, politicien et parfait survivant…

En Algérie, tout le monde parle d’Ali Haddad, Rebrab, Djilali Mehri, Mourad Eulmi ou Mohamed Laïd Benamor. Ces oligarques sont cités partout, critiqués, salués ou vilipendés. Tous les projecteurs sont braqués sur eux. Et pendant ce temps-là, d’autres milliardaires aussi riches, influents et puissants développent des ambitions politiques, entrent au parlement et tentent de faire aboutir des lois stratégiques qui engagent l’avenir de l’Algérie. Et peu de gens parlent de ces milliardaires-là qui utilisent la discrétion comme une arme fatale pour préserve leurs empires tout en flirtant dangereusement avec la politique. 

Le milliardaire Abdelkader Tayeb-Ezzraïmi, patron de la Semoulerie industrielle de la Mitidja (Sim), fait partie de cette catégorie d’oligarques entièrement ignorés par les Algériens. Et pourtant, l’homme d’affaires fait partie des businessmans les plus influents du pays. Lors des dernières élections législatives de mai 2017,  Abdelkader Tayeb-Ezzraïmi est devenu député RND de la wilaya de Blida. Il se positionne ainsi brillamment sur l’échiquier politique en rejoignant les rangs du parti du Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Une carte politique qui permet à ce milliardaire de revenir de loin après plusieurs ennuis judiciaires et une très dure période où il était déstabilisé de partout.

Grandes turbulences en 2008 

En effet, en 2008 a été placé sous contrôle judiciaire par le parquet d’El Affroun près la cour de Blida. Abdelkader Tayeb Ezzraimi a été inculpé et placé sous contrôle judiciaire par le magistrat instructeur pour une affaire qui concerne un préjudice estimé à plusieurs centaines de milliards de centimes. A cette époque, plusieurs griefs avaient été retenus contre le mis en cause, dont entre autre dilapidation de deniers publics, non-respect de la réglementation dans les passations de marchés, faux et usage de faux et négligences ayant entraîné un manque à gagner. Le patron du groupe SIM s’était retrouvé à la barre suite à une simple lettre anonyme qui avait déclenché toute une tempête en 2007. Cette lettre raconte comment  l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) avait accordé des avantages douteux à son principal client, le groupe SIM.

Le 02/06/2010 a la cour de Blida a confirmé le jugement initial prononcé par le tribunal d’El Affroun dans cette affaire. Le patron du groupe SIM écope d’une année de prison avec sursis et une amende de 50 000 DA. Le PDG de l’OAIC a écopé, quant à lui, d’une peine de deux ans de prison ferme et une amende de 100 000 DA. Une peine d’une année de prison ferme assortie d’une amende de 50 000 DA pour quatre cadres de l’OAIC a été aussi prononcée et maintenue. 

 Tout ce que Abdelkader Tayeb Ezzraimi avait bâti depuis 1990 pour devenir le leader algérien de la production de pâtes alimentaires et de couscous a failli disparaître dans le sillage de cette affaire scandaleuse. Mais l’homme qui a réalisé un chiffre d’affaires dépassant les 25 millions d’euros depuis 2012 s’en est sorti même s’il n’est plus aujourd’hui ce  géant de l’agroalimentaire qui ambitionnait de devenir le premier exportateur hors-hydrocarbures en Algérie.
La politique pour un retour en force
Avec l’immunité parlementaire et l’appui du RND, Ezzraimi espère désormais ne plus revivre le cauchemar de 2008. La couverture politique lui permet, d’ailleurs, de poursuivre secrètement la diversification de sa grosse fortune. Preuve en est, le 11 janvier 2017 il lance une nouvelle affaire : la SARL SIM SIMEX. Il s’agit d’une huilerie qui fait dans le raffinage d’huiles d’origine végétales. Auparavant, le 18/10/2016, l’oligarque de la Mitidja s’est lancé dans la communication et la publicité avec sa nouvelle entreprise la SPA ACG SIM.
Le businessman et député RND a tiré les leçons de sa descente en enfer de 2008 : il ne veut plus dépendre du très complexe et dangereuse secteur de l’agroalimentaire. Pour survivre à tous les crises, il faut toujours placer son argent dans de multiples domaines. Ezzraimi comprend la leçon et lance même en juin 2014 un établissement d’enseignement de langues. Il se renforce également dans la promotion immobilière qui a capté son intention depuis octobre 2011 date à laquelle il avait lancé la Sarl ISIM Blida qui est gérée par un expatrié français, à savoir Dominique Breton. Un autre manager français est également membre de son conseil d’administration. Il s’agit d’Eric Entoune Philippe.
La santé intéresse l’homme le plus riche de région de Blia depuis février 2013 avec  la SPA Clinique Amina ou la SPA SIM Sanders Algérie créée le 10/07/2011 avec pour ambition de de mettre en placer un hôpital privé.
Il faut noter que les affaires de cet oligarque reclus depuis ses grosses difficultés en 2008 se sont accélérées en 2017 avec le lancement de plusieurs nouvelles entreprises qui ont intégré l’empire du patron du groupe SIM à l’image de la EURL Ezzraimi Trade créée dont les statuts ont été modifiés le 18/09/2017 ou l’entreprise New Energy Algeria qui a été reconfigurée également à partir du 08/06/2017 pour se développer dans la fabrication de produits pour l’alimentation des animaux et le commerce de gros des céréales ainsi que les aliments de bétail.
On le voit bien : Abdelkader Tayeb Ezzraimi incarne à lui seul l’art de survivre aux pires crises qui peuvent survenir dans la vie d’un oligarque algérien. Les milliards, la politique et un peu de chance, voici le secret de la longévité d’un milliardaire influent en Algérie.
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